Finies les fiches bristol, les révisions du bac se font sur les réseaux. À l’approche des redoutées semaines d'épreuves, TikTok regorge de contenus à destination des futurs bacheliers, et de profs très à la pointe.
« Je pense savoir ce qui va tomber au sujet du bac de maths, alors écoute bien mes pronostics pour optimiser tes révisions. » Sur son compte TikTok (@lucasmaths4), Lucas Markarian, 26 ans, profite des derniers jours de révisions pour motiver les troupes. Depuis novembre 2023, ce professeur de mathématiques dans un collège/lycée de Marseille n’a qu’un objectif : permettre aux élèves d’obtenir leur bac et leur brevet. Dans ses vidéos l’enseignant partage ses méthodes de révision, revient sur les notions clés du programme et met en garde sur les erreurs à éviter. « Mon but est de vulgariser les maths. Sur les réseaux, je me sens investi d’une mission que je n’avais pas vraiment anticipée ». À raison, à quelques jours des épreuves son compte cartonne à 1,6 million d’abonnés.
Un succès qu'observe également Selene Godoy (@selenedepoche). « J’aime penser mon contenu comme un complément », éclaire la professeure particulière de français, « les élèves ont le droit d’avoir un coup de mou pendant leur cours. Quand ils vont sur mon compte je leur réexplique en deux minutes ce qu’ils n’ont pas bien compris. Ça ne veut pas dire que je me mets à la place de leur professeur », rassure la jeune femme de 28 ans qui s’adresse toujours à ses abonnés en reprenant de zéro. « Je pars du principe que certains élèves n’ont pas eu de professeurs à cause de la pénurie. Mon contenu s’adresse autant à des élèves qui n’ont pas commencé à réviser qu’à des candidats très studieux. »
En 2021, en pleine réforme du baccalauréat, l’enseignante à domicile constate une incompréhension générale chez les élèves. « Les nouvelles modalités de l’examen sont restées floues jusqu'au dernier moment. Tous allaient passer les mêmes épreuves, pourtant ils recevaient des consignes différentes », se souvient-elle. Dans un contexte post-Covid, Selene décide de se lancer sur TikTok pour faire le tri dans « ce trop-plein d'informations ».
« J’aurais tellement pu apprendre les maths autrement si j’avais eu tous ces outils »
Cité comme le fléau du XXIe siècle, Selene veut aussi voir les réseaux sociaux comme un outil, « les jeunes ne savent pas se concentrer trop longtemps, c’est un fait », déplore la jeune femme qui questionne l’utilité des cours de deux heures pour cette génération. « Il faut aller les chercher là où ils ont du temps de cerveau disponible, sans pour autant abaisser le niveau. Parfois je me dis que j’aurais tellement pu apprendre les maths autrement si j’avais eu tous ces outils. » Un avis partagé par Lucas, « avant, quand tu ne comprenais pas ton cours, tu devais reprendre ton cours. Aujourd’hui les réseaux sociaux offrent une autre voie, d’autres formes de pédagogies », alimente le professeur de mathématiques.
« Sur TikTok, je suis obligée de rendre ma matière intéressante »
Selene va même plus loin dans sa réflexion et questionne les bienfaits de ces plateformes pour la profession. « Pour nous, les réseaux sont aussi une forme de challenge. Comment me réinventer en tant que professeur ? Comment faire pour que les gens m’écoutent ? Sur TikTok, je suis obligée de rendre ma matière intéressante alors qu’en classe, on est pris par un programme trop long qui laisse moins de place à la discussion. »
Dans les commentaires et par messages, élèves comme parents sont ravis (et rassurés). La concrétisation pour Selene et Lucas ? Voir des élèves « passer de 4 à 18/20 ». « Beaucoup d’élèves m’écrivent après les résultats pour m’annoncer qu’ils ont obtenu leur bac en partie grâce à nos contenus », se félicite le professeur de maths. Alors à quelques jours des épreuves, scroller pour réviser, c’est OK.
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