Zara Dar, la prof de (cal)cul qui ébranle Pornhub

Pour promouvoir son contenu de charme sur OnlyFans, une créatrice texane et prof en bio ingénierie et informatique poste des vidéos de cours de maths sur la plateforme consacrée au porno.

Du contenu éducatif et scolaire sur Pornhub ? A priori, on pourrait croire à un troll. Mais là, lovée au milieu des step mothers et des hot plumbers, une influenceuse texane et prof en bio ingénierie et informatique enseigne les réseaux de neurones sans tomber la chemise — (n’en déplaise aux quelques frustrés de se voir contraints à réviser Pi alors qu’ils cherchaient plutôt Q).

Zara Dar n’a pas perdu son chemin. Si elle se retrouve à expliquer les probabilités sur la plus grosse plateforme porno du monde, c’est un choix délibéré et lucratif : « Je publie les mêmes vidéos STEM (Ndlr : sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) sur YouTube et Pornhub. Alors que YouTube (161K abonnés) génère généralement plus de vues, les revenus publicitaires par million de vues sur Pornhub sont presque trois fois plus élevés : « 1000$ sur Porn Hub contre 340$ sur YouTube pour 1 million de vues », explique-t-elle sur ses réseaux.

Et ça marche. Comme l’expliquait récemment Khalamité dans nos pages, Pornhub est en réalité une excellente vitrine pour les influenceuses : près de 7000 abonnés sur son profil, jusqu’à un demi-million de likes pour une vidéo de 6 minutes qui enseigne le calcul des intégrales, et un taux de satisfaction qui atteint les 98 %, voilà de quoi offrir l’indépendance financière à l’étudiante et lui permettre d’arrêter son doctorat et de rembourser l'hypothèque de sa famille.

Un demi-million de viewers, du déçu au matheux

Dans les commentaires de ses vidéos, quelques trolls s’amusent à faussement débattre des équations. D’autres semblent allier plaisir et utilité au premier degré : « I actually studied with this, thanks because I got a 86 ». D’autres encore, déçus de tomber sur Zara après avoir recherché #schoolgirl, s’offusquent, tandis que certains se prennent au jeu, quitte à remettre quelque peu en question leur rapport au porno : « It’s 3 am and I’m watching this. I need therapy ». Il faut dire que l’influenceuse aux yeux si bleus et à la peau si lisse qu’on croirait une IA maîtrise à la perfection les codes du soft porn — tout juste pour attiser la curiosité des sapiosexuels (ceux qui sont excités par les choses intellectuelles). Autoréférencée dans les catégories #étudiante, #fac, #GrosSeins ou #JoliVisage, l’influenceuse joue aussi des codes de la publicité sur Instagram où elle sait se mettre en scène assez dénudée pour attirer le chaland. « Vous n’êtes pas flemmard, vous avez juste besoin d’une professeure qui vous motive », clame-t-elle sur ses réseaux, non sans un brin d’humour.

Sapiosexuels contents

La suite de l’histoire s’écrit sur OnlyFans, où Zara propose à ses 4 000 abonnés du contenu plus érotique. Sur sa présentation, on peut lire : « Nerd passionnée d'art, de fitness et de lecture. Je partage avec vous mon contenu exclusif artistique qui comprend de la nudité et mon amour pour l’érotisme. J'adore repousser mes limites avec toi. Vous pouvez me parler, demander des conseils ou simplement discuter de votre journée. » Car si OnlyFans est une plateforme largement associée au contenu pour adultes, elle a initialement été pensée pour valoriser les travaux artistiques et créatifs de niche. La boucle est bouclée.

En réalité, détourner les plateformes porno de leurs usages n’a rien de nouveau. D’autres l’ont approuvé avant Zara, comme Changsu, le prof de maths taïwanais, ou l’humoriste Ryan Creamer qui parodie avec génie les titres violents du porno, donnant : « Je regarde les nuages avec Mia / Je te tiens la porte / Pas d’accord avec ces pubs, ton pénis est bien comme ça », pouvant atteindre les 600K vues. En France, le rappeur Vald dévoilait déjà en 2015 son clip Selfie sur Pornhub. La prochaine fois que vous grillez votre moitié sur du porno et qu’il ou elle rétorque qu’elle révisait son théorème de Pythagore… il se pourrait bien que ce soit vrai.