
Derrière le salaire annuel à neuf chiffres de Cristiano Ronaldo, les athlètes sont nombreux à ne pas rouler sur l’or. Et partager des contenus érotiques est devenu une option, surtout pour les femmes.
Sabrina Stanley a beau être une des meilleures athlètes du monde d’ultra-trail, ses performances sont peu rémunératrices. Sa pratique manque encore de visibilité et ne permet pas encore aux professionnels de vivre fastueusement. C’était sans compter sur un coup de pouce inespéré d’un nouveau sponsor avec lequel elle s’affiche depuis mars.
Elle court désormais avec un maillot blanc sobrement floqué OnlyFans, plateforme sur laquelle le contenu publié par des créateurs est accessible via un abonnement mensuel. Plus qu’un changement de sponsor, c’est un changement de vie pour celle qui a récemment confié au média américain Pop Sugar qu’elle ne pouvait pas devenir propriétaire jusqu’ici : « En tant que femme célibataire, avec un seul revenu, ce n'était pas envisageable pour moi. »
La firme anglaise sponsorise de plus en plus d’athlètes et cela n’a rien d’un hasard : c’est un moyen efficace pour arrondir leur fin de mois. Au sein de ce marché, Sabrina Stanley est l’une des rares sportives à montrer son quotidien…, sans le centrer sur du contenu coquin. Car le business de la plateforme tourne largement autour de photos et vidéos érotiques. Et les sportifs, surtout les sportives, sont de plus en plus nombreux à jouer le jeu.
Un salaire multiplié par sept
Concourir dans un sport médiatisé tous les quatre ans n'est pas la meilleure façon de remplir son compte en banque. Les plongeurs britanniques Noah Williams, Matty Lee, Daniel Goodfellow et Jack Laugher publient donc depuis plusieurs mois des photos d’eux suggestives pour arrondir leur fin de mois, tout comme Kurts Adams Rozentals, jeune espoir du canoë britannique. Ce dernier affirme avoir été suspendu par sa Fédération depuis le mois d'avril à cause de ses contenus érotiques, qui étaient pour lui une façon de financer ses ambitions olympiques.
Mais ce sont surtout les femmes qui se mettent à nu, ou presque, sur OnlyFans. La raison ? Le manque de sponsors et d'argent est encore plus criant dans le sport féminin. C’est ainsi que la star allemande du bobsleigh Lisa Buckwitz a fini par ouvrir son propre compte, tout comme l’ancienne championne de MMA, Paige VanZant. De quoi créer quelques controverses, comme lorsque la perchiste canadienne Alysha Newman, dotée d'un compte sur la plateforme, avait célébré sa médaille de bronze aux Jeux de Paris 2024 par… un twerk. Elle avait alors été accusée de pratiquer cette danse pour booster son audience.
Prendre le contrôle des financements
Cette tendance concerne également les athlètes de pratiques sportives plus connues. Payée 220 000 dollars annuels, l’Australienne Liz Cambag avait l'un des salaires les plus élevés de la ligue de basket américaine. Une somme rondelette, mais très loin des dizaines de millions encaissés par ses homologues masculins. Désormais, elle joue dans le championnat chinois et anime en parallèle sa page OnlyFans. Elle affirme y gagner 1,5 million de dollars chaque année, soit sept fois plus que son ancien contrat américain.
Cette tendance est le symptôme d’un système sportif qui ne sait toujours pas rémunérer ses championnes à leur juste valeur. Mais il peut aussi être perçu par certaines sportives comme une façon de reprendre le contrôle, alors que leurs corps sont bien souvent sexualisés contre leur gré. Certaines choisissent donc une réponse radicale : monétiser leur image elles-mêmes. Un supplément de revenu qui ne permet pas toujours de rattraper leur retard sur leurs homologues masculins.
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