
2025 : le travail reste un lieu de rencontres pas très pro.
Midi. Dans l’open space, Roger, marié, deux enfants, vous fait un clin d’œil par-dessus son écran. « On va déjeuner dehors ? » puis humecte ses commissures de lèvres. Roger, c’est le N+1 sur qui il ne fallait pas craquer. Chaleur dans le bas du ventre, début des emmerdes.
D'après une récente enquête Zety, 8 employés sur 10 déclarent avoir déjà entretenu une relation (romantique, de flirt, ou sexuelle) au travail, dont près de la moitié (41 %), les plus joueurs, a tenté l’expérience avec un subordonné, mêlant ainsi plaisir et abus de pouvoir dans une joyeuse contradiction managériale. Mais ces réunions Teams enflammées peuvent avoir de fâcheuses conséquences. Jalousies, rumeurs, promotions suspectes, déconcentration au travail… Près de 88 % des photocopies lovers ont connu des répercussions négatives — entraînant, pour 29 % d’entre elles et eux, une démission après une relation foirée. Certains n’ont même pas eu cette option : 22 % ont été licenciés.
C'est du win-win
Un tiers des employés avoue même avoir trompé leur partenaire officiel avec un ou une collègue. Annabel, 28 ans, nous explique : « Lorsque mon flirt a commencé avec mon supérieur de 10 ans mon aîné, c’était un défi personnel, une sorte de fantasme sur l’autorité. Bon, pas fun, en 10 minutes, c’était plié. On est restés en couple plus de deux ans : deux ans d’agonie, d’angoisse, de violences psychologiques, j’étais l’ombre de moi-même. Ne faites pas ça chez vous (rires). Paradoxalement, c’est la relation d’après qui m’a sauvée : rencontre de boulot aussi, je suis tombée en full crush, c’était enivrant. Ma motivation au taf a redoublé, j’avais envie de me lever et de me préparer pour foncer au bureau, ça m’a donné la force de quitter ma relation toxique, comme quoi ! » Sur TikTok, Annabel est loin d’être la seule. Sous les #WorkCrush et autres #WorkRomance, « on rit de nos expériences, on dédramatise », ajoute la jeune femme.
Tu text-hot au boulot ?
L’étude de Zety met également le doigt sur l’importance paradoxale de la technologie et du télétravail dans l’émergence de ces relations. Initialement conçus pour fluidifier les échanges professionnels, les fils Slack ou Zoom sont devenus les Tinder des coworkers à coups d’émojis 🫦 + 🗂️. Annabel poursuit : « Sur LinkedIn, une demande de contact sur deux est un mauvais plan drague, déguisé en proposition professionnelle pour boire un café. » Messieurs, arrêtez ça, on vous voit. Ces outils, combinés à l’essor du télétravail, ont fait exploser la romance en ligne – la faisant migrer d’un usage réservé aux gamers amateurs d'e-dating, vers une pratique courante chez les baby-boomers (90 %, contre 81 % chez la génération X, 76 % des milléniaux et 70 % de la génération Z).
Désinhibition numérique
Flirter à distance : simple. Basique, même. Mais la transition vers la vraie vie peut être un vrai défi. « Le risque, c’est de tomber dans la dépendance au digital. Si toute la séduction repose sur des mèmes bien sentis et des émojis aubergine, bon courage pour traduire cette alchimie virtuelle en interactions naturelles… C’est ce qui m’a fait déchanter avec mon crush », s’amuse Annabel. Unique source de motivation et de productivité pour certains, très mauvais calcul pour d’autres… À raison d’environ 1 880 heures par an passées au bureau, nos daily calls n’ont pas fini de se transformer en booty calls.
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