
Vol spatial, promo commerciale, virage conservateur : faut-il encore attendre quelque chose des pop stars sous l'ère Trump ?
Vous n’y avez pas échappé, il y a deux jours, l’interprète de Fireworks (on s’est à peu près arrêté là dans sa discographie) s’envoyait en l’air. Direction l’espace, en compagnie de six autres copines de galère, dont Lauren Sanchez, la femme de Jeff Bezos, qui organisait ce vol éclair avec sa compagnie Blue Origin. Éclair, car le vol n’aura duré que 11 minutes et émis 15 tonnes de CO2, ce qui équivaut à au bilan carbone annuel x 8 de Madame Perry (aïe). De quoi s’attirer un gros shitstorm qui vient noircir un peu plus le tableau de la pop star – plus chargé que les cahiers de doléances des Français.
Féminisme performatif
Cantonnée depuis quelques années au télé-crochet American Idol et aux résidences de Las Vegas, Katy Perry pensait revenir en force l’année dernière avec son sixième album studio 143. Sa « chanson stupide » qui prône le « girl power » consensuel (Woman’s World) est produite par Dr Luke – accusé de viol par Ke$ha en 2014, sera un « flop phénoménal ». On lui reproche alors son féminisme performatif et opportuniste. Son court voyage dans l’espace n’est que la cerise sur le gâteau.
Alléluia
Mais la pop star n’est pas la seule à tomber de son piédestal, comme nous le fait remarquer la journaliste Morgane Giuliani, autrice de la biographie Taylor Swift (Le Mot et le reste) : « On a vu récemment Kim Kardashian posant pour un magazine sur le Cybertruck de Tesla en compagnie du robot Optimus, ou encore Gwen Stefani faire du prosélytisme religieux en vantant une appli de prière. Toutes trois ont opéré un virage à 180 degrés depuis le deuxième mandat de Trump et on leur reproche, à raison, d’avoir retourné leur veste pour ne servir que leurs intérêts personnels. » Rappelons que Katy Perry a profité de son court périple dans l’espace pour faire la promo de sa nouvelle tournée. Leur conformisme et leur proximité avec les broligarques de Trump passent mal auprès d’une partie du public. En réaction au virage catho-intégriste de Gwen Stefani, un fan a préféré se faire détatouer son portrait.
Des stars qui n'incarnent plus rien
Ce backlash contre les stars s’inscrit dans le sillage de la cancel culture, des appels à Eat The Rich et, plus largement, du boycott devenu tendance (Tesla, Bolloré, produits américains, tournée de Katy Perry…). « On a envie de croire que la pop culture est un rempart politique, mais ces exemples prouvent le contraire. On leur prête une intelligence politique qu’elles n’ont pas : ce sont des privilégiées, déconnectées de la réalité. Elles incarnent une gauche de façade, qui flirte dangereusement avec la galaxie MAGA. Leur silence est d’autant plus décevant que l’époque est très polarisée, et qu’on n’est qu’au début du second mandat de Trump… », souligne Morgane, Swiftie assumée, qui espère toujours un sursaut de son idole, silencieuse depuis la fin de sa tournée The Eras Tour, le 8 décembre.
American Idiot
Face à une société du spectacle en roue libre, il serait dommage de se taire : « Il est tout à fait légitime de les critiquer, car depuis des années, elles nous renvoient une image progressiste, d’icônes féministes et queer. On n’attend pas d’elles une pureté militante, mais un peu plus de sensibilité, d’empathie et de cohérence par l’exemple », affirme Morgane, qui garde espoir à condition de regarder ailleurs. « Au festival Coachella, la chanteuse Clairo a cédé la scène, avant sa prestation, au sénateur Bernie Sanders qui a appelé les jeunes à se mobiliser, tandis que Green Day a modifié les paroles d’American Idiot. “Je ne fais pas partie du programme redneck” est devenu “Je ne fais pas partie du programme MAGA”. Des initiatives d’autant plus fortes que le patron du festival est ultra-conservateur, homophobe et antiavortement », conclut-elle.
à noter que le soutien des stars à kamila Harris a été vain et participe du même phénomène. pas la peine de politiser tout, aussi idiots soient certains représentants