un homme deprimé face à un plan d'appartement

Les Millenials pourraient enfin accéder à la propriété immobilière ! Mais être (encore) perdants

Aux États-Unis, la crise du logement devrait s’atténuer d’ici 2030. Une bonne nouvelle accompagnée d'un petit piège pour ceux qui vont payer leur appartement trop cher.

Il y a cinq ans, la réalisatrice américaine Chloé Zhao récoltait une pluie de récompenses pour Nomadland, un long-métrage sur l’histoire d’une sexagénaire partie vivre à bord de son van – comme des dizaines de milliers d’Américains – après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait. En plus de dire l’incroyable précarité des classes populaires aux États-Unis, le film mettait en lumière une fracture dans le pays : la crise du logement. 

Si cette pénurie de logements frappe tout aussi durement d’autres métropoles mondiales, certains observateurs estiment que cette défaillance (et l’augmentation exponentielle des prix des loyers qui l’accompagne) structure la vie politique américaine. Pour le journaliste du New York Times Ezra Klein, la pénurie aurait même coûté la victoire à Kamala Harris aux dernières élections : en ne construisant pas de nouveaux logements dans les grandes villes surpeuplées, les Démocrates auraient accrédité l’idée, estime-t-il, qu’ils sont impuissants à réduire le coût de la vie. 

Vers une fin mécanique de la crise ? 

Heureusement pour les nouvelles générations qui peinent encore à accéder à la propriété, la crise du logement pourrait arriver à son terme d’ici 2030. L’origine de ce présage ? L’expertise de plusieurs démographes américains interrogés par Business Insider. Selon eux, près de quinze millions de baby-boomers devraient « se retirer du marché » (dit autrement : mourir) dans la décennie à venir. Et c’est loin d’être anodin : cette génération étant aujourd’hui propriétaire de près de 41 % du parc immobilier américain. Autant de logements qui pourraient devenir vacants. 

Autre donnée importante : la génération des Millenials est moins nombreuse que celle des baby-boomers. Donc pour la première fois depuis des décennies, l’offre de logements disponibles pourrait être plus importante que la demande. Un mécanisme qui devrait faire baisser le prix des maisons, des appartements… Et peut-être même des loyers.

Une bonne nouvelle ? 

La prédiction a des airs de bonne nouvelle mais elle pourrait rapidement se refermer comme un piège sur les nouvelles générations, alerte Business Insider. Les baby-boomers vont, certes, libérer les nombreux logements qu’ils occupent et entraîner une baisse des prix de l’immobilier. Mais cette baisse pourrait être durable dans le temps. En raison de la baisse de la natalité aux États-Unis, la demande de logements risque de continuer de décroître, et l’offre de continuer d’augmenter. Les Millenials qui ne sont pas encore propriétaires pourraient acheter pour moins cher, mais ceux qui le sont déjà, perdront de l’argent. Une fois l’offre et la demande stabilisées, les prix pourraient au mieux augmenter légèrement, voire stagner. 

Une mauvaise nouvelle dans le contexte actuel. Car les Américains comptent sur le prix en hausse de leurs maisons pour financer l’achat d’un logement plus grand, ou leur retraite. Pour la génération des baby-boomers, la magie a opéré : on estime que le prix de leurs logements a augmenté en moyenne de 305 % en quelques décennies (soit quatre fois le prix d’achat ! ). Les logements des Millenials, eux, pourraient ne prendre que 0.5 % de valeur par an. Les nouvelles générations d’Américains peineront-elles à financer leurs retraites ? S’il est trop tôt pour le savoir, cet appauvrissement des nouvelles généralisations fait penser à ce mème qui circule sur les réseaux sociaux depuis la hausse brutale des tarifs douaniers exigée par Donald Trump : « Millennials hearing they are about to live their fourth “once in a lifetime” recession. » (à traduire par : Les Millennials entendent qu'ils sont sur le point de vivre leur quatrième récession « unique dans leur vie » ).

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