Une mère qui crie la tête dans les mains, sa fille derrière elle

« Ghettossori » : le backlash des mamans contre la parentalité positive

« Tu peux pleurer, tu feras moins pipi au lit ! » « T’es fatigué ? C’est bien fait ! » Bienvenue chez les mamans « ghettossori » !

Ici, adieu l’éducation positive. La trend-valise ghettossori, fusion des termes « ghetto » et « Montessori », piétine allègrement le gentle parenting. Son credo : une virulence assumée, des limites en béton armé et un respect total de l'autorité parentale. De quoi mettre en PLS coachs en parentalité consciente et autres conseillères en lactation.

Obéissance, menaces et rap

Petit récap pour ceux qui auraient élevé leurs enfants loin de toute forme de civilisation (ou qui n’en ont pas) : la célèbre méthode Montessori, créée par une médecin italienne du même nom en 1932, prône, entre autres, la liberté d’apprentissage des têtes blondes. Ce concept éducatif star érige bienveillance et non-violence en credo absolu et a propulsé un nombre de produits dérivés (tapis, hochets, jeux, guides…) à faire pâlir une franchise Marvel.

En décembre dernier, la tiktokeuse JessicaFrenchRiviera a créé la Némésis de la méthode Montessori : la ghettossori. Dans une vidéo humoristique devenue virale, cette maman ironise : « On a remarqué que si l'enfant est élevé dans un milieu un petit peu ghetto, il sera plus enclin à se débrouiller tout seul dans la vraie vie. » Enceinte JBL en bandoulière, elle en expose les principes : obéissance, menaces, punitions et..., écoute intensive de Booba et Lacrim.

Backlash sur l'éducation positive

Depuis, le hashtag #ghettossori se répand comme une épidémie de varicelle. Dîners express à base de céréales, dessins à la poubelle, la team ghettossori assume tout. De « les laisser jouer trois heures à Fortnite pour […] se faire un brushing », en passant par l’autodéfense à l’école : « Bien sûr que tu as l’autorisation et le devoir de taper celui qui a levé la main sur toi » (k_miliia, 48,8K abonnés). Derrière la blague, difficile de ne pas y voir un violent backlash à la bienveillance et un rejet des injonctions à la parentalité parfaite. Interviewée par BFM, Jessica, maman de cette trend irrespectueuse, confirme : « Les parents se mettent trop la pression [...] C'était vraiment un mouvement pour essayer de dire qu'on fait ce qu'on peut ! »

Inversion du stigmate

Si la plupart des conseils prêtent à sourire (que tout parent n’ayant pas songé à abandonner sa progéniture hurlante, front au sol, dans un supermarché jette la première pierre), certains témoignages particulièrement musclés ont été perçus par des internautes comme une caution implicite aux violences éducatives ordinaires (VEO). Mais le véritable twist reste l’appropriation de cette tendance…, par les adeptes de l’éducation positive elles-mêmes ! À l’image d'Helena (happybsfamily, 29,2K abonnés), experte en pédagogie alternative et adepte de l'éducation à domicile : « Je suis une maman ghettossori car bien sûr que je dis des gros mots à la maison... Pas des insultes, hein. Et oui on s’excuse après. Mais j’en dis. » Claramusantee (350,5K abonnés), adepte de la DME et experte en portage maternel, s'aligne aussi : « Je suis une maman ghettossori, puisqu’on fait croire au Père Noël à nos enfants. Donc on leur ment. » Une intéressante inversion du stigmate, qui propulse l’imperfection et l’autorité en nouvelles valeurs désirables dans l’éducation. Et peut aussi questionner dans une ambiance de retour à des valeurs idéologiques et familiales rétrogrades (coucou Elon et Mark 👋). Alors, simple opportunisme viral ou véritable crépuscule de la maman Montessori ? La tendance a le mérite d’ouvrir le débat avec humour sur des standards souvent idéalisés et inatteignables, et qui harcèlent au moins les mamans. Ghettossori, ou pas.

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