Pour lutter contre le cliché d'un TikTok qui entretiendrait la « culture du vide », plusieurs créatrices de contenu encouragent leurs followers à se lancer dans la rédaction d’un carnet de culture générale.
Carnets aesthetic, feutres à mine fine de toutes les couleurs, surligneurs pastel et autres accessoires de scrapbooking … Le matériel est sensiblement le même que pour la pratique du journaling – le fait de tenir un journal intime – mais le contenu diffère largement. Ici, le but n’est pas de raconter sa journée, de coucher sur le papier ses émotions, mais de se cultiver. Le principe est simple : se renseigner sur un sujet de culture générale et en synthétiser les principaux éléments dans son carnet pour mieux le mémoriser mais aussi en garder une trace écrite.
Se coucher moins bête
À l’origine de la trend TikTok du carnet de culture générale, qui comptabilise aujourd’hui près de 2 millions d’interactions sur le réseau social, on trouve Ingrid Vandon, alias @ingrid_vd. La jeune femme de 26 ans a commencé à tenir ces carnets il y a deux ans, à une époque où elle raconte souffrir de lacunes en matière de culture générale. « J’évoluais dans un milieu avec des personnes plus âgées, souvent issues de milieux culturels, et je sentais que j’étais parfois perdue dans des discussions portant sur l’art, ou même l’actualité ».
Pour y remédier, elle note dans son smartphone chaque sujet entendu au cours de discussions qu’elle aimerait creuser une fois seule. Sur chaque thématique, elle se renseigne alors en ligne, insistant sur l’importance de croiser les informations. Dans ses vidéos explicatives du concept, elle préconise d’utiliser au moins trois sources différentes. Ingrid synthétise, en une page environ, chaque sujet avec les principaux éléments à retenir. « Cela a vraiment changé ma vie. Maintenant, je n’ai plus peur de prendre part à des discussions sur ces sujets. J’ai pris confiance en moi, et c’est un cercle vertueux, car je suis plus volontaire pour me rendre à des expositions, me cultiver tout simplement », confie-t-elle.
L’architecte Le Corbusier, les Sept merveilles du monde, les Prix Nobel ou encore les différences entre les peintres Manet et Monet … Les sujets abordés sont éclectiques. Ingrid, face caméra, résume en 1 minute 30 les principaux éléments qui lui semblent indispensables à connaître. Dans certaines vidéos, elle partage même une photo de la page correspondante, dans son propre carnet de culture. Dans d’autres, elle distille des conseils pour chercher des idées de sujets ou de ressources, recommandant ainsi podcasts, documentaires et autres supports.
Exploiter une tendance, sans sa lanceuse
Face à ce succès, de nombreuses créatrices de contenu, à l’instar de Fanny Trotzier (@fanny.trz) ou Léa Meynard (@liloumnrd) ont elles-mêmes fait des carnets de culture l’un de leurs contenus spécifiques. Certains comptes TikTok comme @moncarnetdeculture ont également vu le jour depuis la popularisation du concept sur la plateforme. Sur Amazon, on retrouve même des produits dérivés de cette tendance : des carnets de culture préremplis. Sur chaque page de gauche, un thème présenté sous forme de fiche, et à droite, un espace ligné pour noter ses propres découvertes, réflexions et apprentissages. Date de mise en vente ? Octobre 2024. Prix de vente ? Entre 33,99 et 49,99 euros. Le lien avec la naissance de la tendance semble évident.
De quoi entraîner la publication d’une vidéo « coup de gueule » de celle qui se revendique comme son initiatrice, qu’elle légende « Des créateurs de contenu m’ont volé mon concept. » Interrogée à ce sujet, Ingrid nuance : « Je suis très heureuse que mon concept plaise, qu’il circule. Il y a même des comptes qui se sont créés et qui y sont entièrement dédiés. J’aurais juste aimé qu’on me mentionne. Ce n’est pas grand-chose, mais ça permet d’avoir une visibilité sur un concept que je n’ai peut-être pas inventé, mais que j’ai au moins popularisé au sein du TikTok francophone. »
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