le dirigeant de Meta

Zuckerberg prête allégeance à Donald Trump au nom de la « liberté d’expression »

Le dirigeant de Meta a annoncé une transformation spectaculaire de la modération de ses plateformes sociales, un geste qui s’apparente à un alignement avec la nouvelle présidence.

Cheveux bouclés, t-shirt valorisant sa nouvelle musculature, et chaîne en or qui brille. Dans sa nouvelle vidéo publiée le 7 janvier sur le blog de Meta et intitulée More Speech and Fewer Mistakes, Mark Zuckerberg n’était pas là pour danser le Mia, mais pour dévoiler un spectaculaire retournement de veste éthique.

Les fake news, c’est la faute des fact-checkers ?

La première annonce était celle de la fin du programme de fact-checking qui était assuré depuis 2016 sur les plateformes Facebook, Instagram et WhatsApp. Ce programme, qui impliquait plus de 100 organisations indépendantes certifiées par l'International Fact-Checking Network (IFCN) et couvrant plus de 60 langues, sera remplacé par un système de notes de communauté semblable à celui utilisé sur X. Pour justifier cette décision, Mark Zuckerberg a indiqué que le « programme destiné à informer est trop souvent devenu un outil de censure. » De son côté, Neil Brown, le président du Poynter Institute for Media Studies qui gère l'IFCN, a déclaré dans un message posté sur X : « Les vérificateurs de faits ont proposé une analyse indépendante des publications – en utilisant les outils et les règles de Meta, et nous avons montré nos sources. Ensuite, il appartenait à Meta de décider quoi faire. Blâmer les vérificateurs de faits est une échappatoire décevante et perpétue une mauvaise compréhension de son propre programme. Les faits ne sont pas de la censure. Les vérificateurs de faits n'ont jamais censuré quoi que ce soit. Et Meta a toujours eu le contrôle. »

Déménagement au Texas

Toujours dans le cadre d’une amélioration du « free speech », le patron de Meta promet de modifier sa modération, qu’il qualifie de « mesures coercitives » et « frustrantes ». Indiquant que deux actions de suppression sur dix pourraient être des erreurs dues à un zèle de ses équipes de modération. De ce fait, Zuckerberg annonce retirer les restrictions de parole sur les sujets de l’immigration, de l’identité sexuelle et du genre, sous prétexte que ces débats ont déjà lieu au Congrès et à la télévision. En dehors des contenus liés au terrorisme, à l'exploitation sexuelle des enfants, à la drogue, à la fraude et aux escroqueries, le reste des discours potentiellement haineux ne seront plus relevés par les systèmes automatiques de la plateforme, mais dépendront des signalements des utilisateurs. Enfin, les plateformes de modération basées en Californie, État jugé « woke » par la frange trumpiste du pays, seront délocalisées au Texas.

Le retour du politique (refoulé)

La dernière grande mesure du patron de Meta est de permettre, « pour les utilisateurs qui le souhaitent », un retour des posts politiques qui avaient été invisibilisés depuis 2021, date de la tentative de coup d’État au Capitole. Pour rappel, la même année, le compte de Donald Trump avait été banni de l’ensemble des plateformes de Meta. Alors que le président républicain entame son second mandat, Mark Zuckerberg, qui a été récemment vu à Mar-A-Lago pour apporter sa contribution financière à la cérémonie d’investiture, semble donc privilégier un alignement idéologique avec ce dernier. Il n’est d’ailleurs pas le seul à embrasser la bague de l’empereur. L’ensemble de l’écosystème de la tech, depuis Google jusqu’à Apple en passant par Amazon, semble faire allégeance à Donald Trump.

Ces nouvelles mesures, qui ne devraient pas s’appliquer en Europe à cause d’une législation différente et plus stricte, ont été saluées par Brendan Carr, le nouveau directeur du régulateur américain des télécoms, la FCC. Ce dernier est aussi l’auteur du chapitre Telecom du projet 2025, un document de près de 900 pages élaboré par le cercle de réflexion conservateur Heritage Foundation, qui sert de feuille de route pour la refonte de l'État fédéral sous Donald Trump. Il avait profité de sa nomination pour évoquer le « démantèlement du cartel de la censure », comprenez ici, les géants du numérique et leur modération trop encombrante.

Les mesures prises par Mark Zuckerberg doivent être lues à l’aune de cette menace. Alors que Donald Trump va totalement remodeler l’État américain, le message envoyé au secteur de la tech est clair : « Soumettez-vous ou disparaissez ».

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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