
Ils.Elles ont entre 23 et 30 ans et parlent BDSM, mammoplastie ou fist fucking en toute décontraction. Sans complexe, ils.elles se mettent en scène dans des vidéos suivies par des milliers d'internautes. Rencontres avec quatre de ces YouTubeurs du sexe.
CLEMITY JANE - 25 ANS – « SEX-POSITIVE » - 68 000 abonné.e.s
Clemity aka Clémence le sait : elle n’est ni sexologue ni psychologue… Elle a juste envie de partager sa connaissance personnelle du plaisir au féminin. Sa communauté lui pose des questions, comme on le ferait auprès d’une grande sœur : « Cela fonctionne un peu comme une soirée pyjama entre filles. » Les garçons ne sont pas exclus… Même si les produits qu’elle présente ne les concernent pas directement, ils sont 30 % à venir pour partager avec leurs amies.
Sur les réseaux, comme dans la vraie vie, Clemity s’engage. Vegan, féministe, pro-sex-positive, elle fait passer ses convictions dans ses vidéos. Quand elle parle de poils, c’est pour mieux souligner la dimension politique dans le fait de ne pas céder à la mode de l’épilation totale. Quand elle envisage le BDSM, c’est pour se demander si la pratique est compatible avec des convictions féministes. Intéressant ! Clémence a terminé ses études et se lance désormais à temps plein dans son projet : créer une plate-forme de conseils et de sensibilisation qui parle de sexe et de tolérance aussi.
LAURA BADLER - 25 ANS – TRANSGENRE - 5 355 abonnés
TRISTAN LOPIN - 30 ANS – LGBT - 20 903 abonnés
« J’ai appris que ma petite nièce allait avoir pour Noël un aspirateur… En plus, cette année, la petite, elle va avoir la surprise d’apprendre que le Père Noël de sa grand-mère est un macho misogyne qui vient gentiment la remettre dans sa condition de femme soumise… », raconte-t-il pour les fêtes. Et puis, parfois, Tristan parle quand même de sexe : « Les gens, ils pensent que le cul ça doit toujours ressembler à un clip de Britney. Hashtag réchauffement climatique ! On est arrivé à un stade, pour satisfaire quelqu’un, il faut être un devin quoi ! Laissons un peu faire les choses ! Ah mais moi, ça m’angoisse… L’autre fois, j’ai rencontré un mec, le mec je l’aime bien… Genre on parle, de manière hyperouverte… Eh bien le sexe c’est tellement devenu une compétition – il faut que je sois un bon coup – que ça m’angoisse de ouf que ça puisse arriver avec lui… » Bref…, en trois minutes, on prend toujours son pied à écouter Tristan… et l’on s’amuse bien des vices de forme de notre rapport au sexe.
ANDREW GREY - 23 ANS – LGBT - 30 402 abonnés
Pour autant, YouTube lui a appliqué les nouvelles règles de son algorithme. Désormais, il faut que son contenu soit approuvé. « Le service de monétisation de YouTube pénalise les contenus à caractère sexuel et LGBT. Dès que l’on utilise les hashtags #sexualité, #gay ou #lgbt, on passe directement en demande de vérification. Le temps qu’il le fasse, j’ai déjà fait mon nombre de vues, et cela a une incidence directe : je ne touche presque plus aucun revenu. » Son audience comme son nombre de vues ont été impactés, et YouTube ne semble pas pressé de gérer la question. « J’en parle avec d’autres chaînes. Certaines n’ont pas été concernées par ces mesures, mais d’autres constatent la même chose que moi : nous sommes tous en chute libre. » Étonnant. La réputation gayfriendly de Google semblait acquise… mais dans les faits, elle est remise en question.
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