Milo dans Anatomie d'une chute à gauche et Kidman+ Dickinson dans Babygirl

Letterboxd, Goodreads : pourquoi les applications culturelles rivalisent avec les réseaux sociaux ?

Alors que certains utilisateurs se tournent vers des alternatives à X, d’autres cherchent refuge dans des applications dédiées au cinéma et à la lecture.

« Peut-être que passer mes mains dans les cheveux bouclés de Vassili Schneider résoudrait tous mes problèmes », « Antonio Banderas en plus d’être nul au lit avec Nicole Kidman, il est méchant avec Paddington ? Il enchaîne les flops. » Sur son compte Letterboxd Anaïs balance les critiques sous forme de punchline et récolte du like (1 528 likes pour celle sur Monte-Cristo). Mieux encore, elle rassemble ses meilleurs traits d’esprit sous forme de compilation TikTok, un format qui cartonne.

Des critiques drôles et authentiques

En quelques années, les hobby apps, plateformes dédiées à des passions, que sont Letterboxd et Goodreads, sont devenus le refuge des cinéphiles et des rats de bibliothèque. La première a vu son nombre d’abonnés passer de 2 millions à plus de 14 millions entre 2020 et 2024, d’après Sensor Tower. Pour la deuxième, les chiffres sont encore plus affolants avec un passage de 90 millions en 2019 à plus de 150 millions en 2023 selon Statista. Pas question de se prendre au sérieux ici, le succès des critiques, ou plutôt de cet étalage d’opinions mordantes réside dans leur ironie, leur humour et leur authenticité. « Letterboxd a su exploiter avec succès le phénomène de la génération Z, celui de la "mémification de tout" », explique Rachel Lee de The Digital Fairy, une agence de création spécialisée dans Internet et la culture des jeunes, à GQ. Au-delà de simples notes et commentaires, Letterboxd et Goodreads s’apparentent aussi à un journal numérique de nos lectures et visionnages, formant une petite niche sur Internet. Un moyen pour les passionnés de se connecter via des intérêts communs.

Un espace communautaire ouvert aux grands noms de l’industrie

À l’heure où certains délaissent les réseaux sociaux traditionnels, ces applications réussissent à créer un sentiment de communauté, comme au bon vieux temps de X (ex-Twitter) avant Musk. Contrairement à Facebook, Instagram ou X, fortement axés sur la promotion de l’industrie de médias, films et livres particuliers, les réseaux sociaux culturels favorisent un espace convivial dirigé par les utilisateurs eux-mêmes et servent de guide pour atténuer la tyrannie du choix.

Les réalisateurs Martin Scorsese et Sean Baker (Anora) font partie des nombreuses célébrités qui utilisent Letterboxd. Mais la meilleure publicité gratuite de la plateforme reste sans conteste Ayo Edebiri, actrice de la série The Bear, dont les critiques cinglantes deviennent virales. Cette dernière a notamment qualifié la frange de Milo Machado-Graner (Anatomie d’une chute) de « la plus sale » qu’elle ait jamais vue. Difficile de faire un tour sur TikTok sans tomber sur une interview des « quatre favoris » des stars, une fonctionnalité de l’application qui a même gagné les tapis rouges.

@letterboxd

Four Favorites with Nicole Kidman 💖 Babygirl is currently playing in US theaters via @a24 and begins playing in the UK this Friday via Entertainment Film Distributors. #letterboxd #interview #movies #foryou #redcarpet #fourfavorites #nicolekidman #babygirl

♬ original sound - Letterboxd - Letterboxd

De la même manière, Goodreads voit de nombreux auteurs affluer. Stephen King est suivi par 860 000 abonnés et John Green compte plus de 300 000 fans sur le site.

Les Goodreads-mania et Letterboxd-mania n’ont pas que des avantages. Ces plateformes se retrouvent confrontées aux mêmes défis que les médias sociaux mainstream. Certains utilisateurs tombent dans le piège de la comparaison et de la compétition. Depuis des années, Goodreads organise un défi de lecture annuel et la pression pour atteindre les objectifs fixés peut devenir toxique. « Quand je voyais “trois livres en retard”, cela me stressait vraiment », confie Mandy, une utilisatrice de l’application. Le risque ? Sacrifier la joie de lire un livre ou de regarder un film sur l'autel de la validation sociale. La jeune femme est devenue virale avec ses vidéos défendant les lecteurs lents et rappelant que « la lecture n’est pas un sport de compétition ».

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