
Frontières+ promet des documentaires et des reportages de terrain avec un point de vue résolument de droite.
« Pourquoi les femmes françaises ne font plus d'enfants ? », « La France afghane dans le Cantal », « Les fermiers afrikaners qui luttent pour leur survie » ou bien encore « Les maquis islamiques de France ». Présentés dans une interface qui fait penser à l'écran d'accueil de Netflix, les documentaires de la plateforme Frontières+ donnent le ton. Ici, on est au cœur du « journalisme d'investigation et de terrain de droite », le tout entouré de seaux de pop-corn.

Annoncé le 9 mars dernier par le directeur de la rédaction de Frontières (ex-Livre Noir), Erik Tegnér, Frontières+ est une plateforme de streaming documentaire payante qui commencera à diffuser le 24 avril prochain. Au programme, des reportages et des enquêtes sur les sujets de prédilection de la droite dure comme l'immigration, la démographie, les banlieues, ou bien encore la sécurité – plutôt « l'insécurité », qui est prise en charge par le même journaliste qui supervise des sujets « extrême gauche ». Le tout pour un tarif de 70 euros par an en offre de lancement.
Grand remplacement et propagande russe
Plutôt habitué à de longs entretiens de personnalités d'extrême droite, à la manière de Thinkerview, Frontières produit depuis plusieurs années des reportages de terrain, filmés dans un style incarné, sur sa chaîne YouTube. Road trip aux États-Unis pendant les élections américaines, crise migratoire à Mayotte, et même la ligne de front de Marioupol en Ukraine, des sujets variés, mais tous très orientés idéologiquement.

Dans le documentaire sur la frontière mexicaine, le reporter déplore les « trous » dans le fameux mur de Trump et les manquements, voire la duplicité des États démocrates qui aideraient les migrants à passer. Pour Mayotte, la théorie complotiste du grand remplacement est invoquée pour parler de la migration comorienne. Le reportage sur la guerre d'Ukraine, qui date de 2022, a aussi fait couler beaucoup d'encre. Ce dernier met en scène un Erik Tegnér dans la zone de Marioupol qui relaie sans précaution les éléments de langage de l'armée russe. Il évoque très régulièrement le bataillon ukrainien Azov, qui compte dans ses rangs des soldats néo-nazis et qui sert d'argument à la Russie pour présenter l'attaque de l'Ukraine comme étant une opération de "dénazification" du pays.
Retenir les abonnés ?
À première vue, Frontières est partout. Sur YouTube, bien sûr, mais aussi dans les kiosques avec un trimestriel tiré à 30 000 exemplaires et sur les smartphones avec une application dédiée. Mais la santé économique du média n'est pas jugée satisfaisante par son directeur de rédaction, qui expliquait en juillet dernier générer un million d'euros de chiffre d'affaires sur l'année, dont 7 % de dons défiscalisés. Sur YouTube, les audiences ne sont pas non plus au rendez-vous. Les vidéos les plus populaires (dépassant les 500k vues) remontent surtout à deux ou trois ans, à l'époque où le média s'appelait encore Livre Noir et faisait une promotion obsessionnelle du grand remplacement durant la présidentielle française. Aujourd'hui, la moyenne est plutôt aux alentours de 40k vues sur une moyenne de 50 vidéos, tandis que le site Social Blade estime que le compte YouTube rapporte entre 696 et 11 000 euros par mois. S'ajoute à cela une autre difficulté, la perte d'un partenaire financier en novembre dernier. Il s'agissait de Vauban Nominees Limited, une plateforme à travers laquelle des « Français travaillant dans la finance depuis Londres » finançaient le média à hauteur de 16 %, d'après CheckNews.
Alors que le site web affichait l'année dernière un bandeau rouge d'appel aux dons avec un objectif de 6 000 personnes, c'est à présent la publicité vers la plateforme Frontières+ qui a pris le relais. Cette stratégie suffira-t-elle ? On se rappelle de l'échec de la plateforme de streaming Brut X, lancée en avril 2021 et fermée dix-huit mois plus tard à cause d'un nombre d'abonnés trop faible et d'une ambition de « Netflix à la française » trop coûteuse. S'ajoute à cela une concurrence plus que féroce dans le domaine des plateformes documentaires. So Press a de son côté lancé Society+ avec un abonnement d'une cinquantaine d'euros par an et une proposition de 200 films distribués par Molotov, et sur les box d'Orange, de Free et d'Amazon. La grosse différence avec la plateforme de droite est que So Press ne fait qu'acheter, à bas coût, les droits de documentaires déjà diffusés une à deux fois. La plateforme présente des sujets infiniment plus variés, là où Frontières+ se positionne sur une production maison, moins pléthorique, plus locale, mais avec une idéologie très marquée. De quoi forger une parfaite bulle pour le public le plus engagé.
Article profondément gauchiste qui nie les réalités de notre société.
Quel scandale ! Comment en démocratie peut-on tolérer "un point de vue résolument de droite" ?
ADN "Pour Mayotte, la théorie complotiste du grand remplacement est invoquée pour parler de la migration comorienne."
INSEE, Bilan démographique 2023 à Mayotte : "Les trois quarts des bébés nés en 2023 ont une mère étrangère", fécondité France 1,8 enfant par femme, fécondité Mayotte 4,5 enfants par femme...
L'INSEE fait donc aussi partie du complot. A qui se fier ? Sûrement à ADN, ils ont l'air de bien connaitre le sujet et d'être honnêtes.
Ce qu'il y a de bien avec l'extrême-droite, c'est que vous savez que vous avez touché un point sensible quand ils "argumentent" en vous traitant de gauchiste 🙂
Et le pb n'est pas d'être "résolument de droite", mais de promouvoir le relatif de l'extrême-droite, sans nécessairement l'afficher clairement. Le Figaro, au moins, on sait qu'ils sont de droite. Problématique d'énoncer des opinions comme étant des faits. Ou encore de ne pas aller chercher des éléments contradictoires à ce que vous énoncez.