Intrigue bas de gamme et mauvais jeu d’acteur, « Reel Short » est-il le nouvel horizon du streaming ?

De nouvelles applications, comme « Reel Short » tentent de concurrencer les plateformes de streaming avec des contenus ultra-courts.

Depuis quelques mois, des applications de streaming font leur cinéma en reprenant les codes des réseaux sociaux. Parmi les plus populaires, « Reel Short » – une application chinoise – cumule près de 30 millions de téléchargements dans le monde en 2024, selon le Washington Post. 40 % des téléchargements venant des États-Unis. Depuis son arrivée en France, en septembre 2024, l’application connaît un succès plus timide mais non négligeable. Dans la catégorie divertissement de l’App Store, quatre de ces applications de streaming figurent parmi les quinze applications les plus téléchargées. Reel Short toujours en tête.

Une intrigue très simple…, mais efficace

Au menu ? Des épisodes ne dépassant pas la minute et demie, des intrigues faciles et des jeux d’acteur de seconde zone. Les titres ne laissent aucun doute sur les synopsis : « Enceinte du père de mon ex », « Mon mari secret est mon patron », « Réclamée par l’Alpha que je hais », ou encore « La double vie de mon mari milliardaire ». Un triptyque argent/amour/tromperie qui ne nous a jamais quittés depuis la fin de la série Gossip Girl. Un exemple de pitch ? Nathalie Quinn – canard boiteux de sa famille – a besoin d’une importante somme d’argent. Ses parents acceptent de l’aider à la seule condition qu’elle épouse Sébastien Klein, un milliardaire à qui on découvrira un grand cœur. Tout ça dès l’épisode 1. L’intrigue est rapide et les épisodes ultracourts forcent sur des dialogues hyperexplicites. Le tout est rythmé par une musique libre de droit.

Un modèle freemium pas donné

Pour Cannes, on repassera. Mais il faut reconnaître que la passion entre Nathalie et Sébastien est calibrée pour happer notre attention. Les plus curieux qui voudraient découvrir si ce mariage forcé deviendra une union d’amour seront bloqués dès le septième épisode par le modèle freemium de l’application. Pour poursuivre le visionnage, il faut accepter des publicités de plus de trente secondes – soit presque la durée d’un épisode – ou s’abonner. En illimité, deux versions sont disponibles : 22 euros pour sept jours, plus de 230 euros pour un an. Un tarif très élevé quand on le compare aux plateformes de streaming qui coûtent entre dix et vingt euros par mois.

Pourtant, Reel Short a réussi à se faire une place sur le marché, surtout auprès des plus jeunes. « Cette application est divertissante. Ils ont des histoires mignonnes et ringardes qui sont juste amusantes. Le scénario est bizarre, mais c’est ce qui me donne envie de continuer. Les acteurs ne sont pas bons non plus, mais cela rend les histoires plus divertissantes et les personnages plus amusants », commente un internaute sur l’App Store.

Un budget restreint

D’après le Washington Post, les frais de production de ces microséries seraient de 300 000 dollars. Bien loin des millions de dollars accordés aux séries traditionnelles. Cependant, un certain budget semble être alloué à la visibilité des plateformes sur TikTok. Sur le réseau social, la publicité de Reel Short et ses concurrentes est même devenue agressive. Contactée à ce sujet, l’application – qui appartient à l’entreprise Crazy Maple Studio – n’a pas répondu, à ce jour, à nos questions.