
En réponse à la sortie de VEO3 de Google, des créateurs de contenu se moquent du sentiment d’inquiétante étrangeté provoqué par les vidéos générées par IA.
« Arrivez-vous à croire que je suis un prompt ? » Depuis maintenant une semaine, TikTok a trouvé une nouvelle trend histoire de flouter encore plus la frontière entre réel et artificiel. Des créateurs de contenu se mettent en scène pour se faire passer pour des personnages générés par IA.
Si cette tendance vous rappelle quelque chose, c’est tout à fait normal. Il y a quelques années, TikTok regorgeait de vidéos montrant des créateurs de contenu se comporter comme des personnages non joueurs (PNJ). Le but du jeu consistait à imiter la démarche et l’animation parfois pataude de personnages issus des jeux GTA ou Skyrim. C’est plus ou moins le même principe qui est ici repris, avec des mimiques maladroites ou bien une tonalité de voix étrange. L’objectif ? Coller le plus possible au style des vidéos de démonstration de VEO3 de Google, sorti il y a quelques jours.
Nous ne sommes pas des prompts (?)
Si vous avez suivi les annonces du géant du web, vous avez sans doute vu passer ces vidéos, entièrement générées par IA, montrant des personnages photoréalistes, conscients qu’ils sont des prompts ou bien s’interrogeant sur la nature de leur réalité en faisant des blagues de stand-up.
Même si le résultat est totalement bluffant d’un point de vue réaliste, ces vidéos provoquent un grand malaise. Au-delà des habituelles inquiétudes qu’elles suscitent sur la désinformation, elles flirtent aussi avec la fameuse vallée de l’inquiétante étrangeté, un sentiment théorisé par le roboticien japonais Masahiro Mori. D’après ce dernier, les robots (et par extension les images synthétiques) qui s’approchent le plus possible de la réalité, sans pour autant l’atteindre complètement, provoquent immanquablement une impression de malaise. Mis en scène sur TikTok, ce même malaise sert d’avertissement aux internautes : pour reconnaître les IA des humains, il va falloir entraîner son œil et écouter ses sentiments.
L'ère du doute profond
Mais cette tendance qui consiste à « imiter des prompts » ne s’arrête pas à une simple mise en garde. Elle permet aussi de faire des blagues incroyables sur les angoisses actuelles des artistes qui se sentent concurrencés par l’intelligence artificielle. Kongomusic, un groupe de rock indie qui a démontré ses talents en se faisant passer pour une vidéo générée « en moins de trois minutes ». De quoi attirer plus de 11k vues en quelques jours.
De son côté, le comédien Drake Cunnings, habitué aux sketchs TikTok, prétend lui aussi être un prompt qui l’oblige à boire des shots d’alcool…
La prochaine étape consiste donc à réaliser des caméras cachées pour demander à des passants s’ils sont eux-mêmes des prompts, plongeant les participants dans des abîmes de réflexion philosophique. Toutes ces déclinaisons de la tendance seraient, pour le journaliste et historien de la tech Benj Edwards, le signe qu’on serait entré dans l’ère du « deep doubt » , une période de scepticisme médiatique constant, pouvant mener aussi bien à la vérification accrue des sources qu’à la désinformation cynique.
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