un zuckerberg qui ouvre grand la bouche

« Les immigrants sont des ordures ! » ou « Les gays sont des monstres » : Meta ouvre grand les portes aux insultes haineuses sur ses plateformes

© Florence Banvile (image généré par IA)

Censés permettre une plus grande « liberté d’expression », les changements des règles de modération de Meta autorisent surtout les pires insultes racistes ou LGBTQphobes.

Traiter une fille de 17 ans de « trany » (un terme désignant les personnes trans de manière méprisante et péjorative), affirmer « la supériorité des personnes blanches sur les personnes noires », comparer des « immigrants à des excréments », ou bien affirmer que les personnes trans sont en fait des « malades mentaux » est désormais possible sur Facebook, Instagram ou Threads. La nouvelle politique de modération récemment annoncée par Mark Zuckerberg, qui est censée assurer une plus grande neutralité politique, permet surtout aux utilisateurs trumpistes d’appliquer leur vision bien particulière de la liberté d’expression. Les plateformes sociales comme Facebook ou Instagram vont permettre à leurs utilisateurs de publier leurs plus belles envolées racistes ou haineuses. Mais attention, il y a des subtilités.

Attention, nouvelles règles !

Sur sa page publique de règles d’utilisation, l’entreprise rappelle qu’elle protège toujours « les réfugiés, les migrants, les immigrants et les demandeurs d’asile contre les attaques les plus graves » et interdit les « attaques directes » contre des personnes sur la base de « la race, l’origine ethnique, l’origine nationale, le handicap, l’appartenance religieuse, la caste, l’orientation sexuelle, le sexe, l’identité de genre et une maladie grave ». Cependant, un document interne que s’est procuré le média The Intercept explique, de manière parfois contradictoire, les nouvelles modalités de modération. Dans les grands principes, les discours tournant autour des immigrés, de l’identité sexuelle et de genre sont plus ou moins dérégularisés sous prétexte que ces sujets sont « librement » abordés dans d’autres médias. Les comparaisons de certaines personnes avec des animaux, des agents pathogènes ou des maladies restent interdites. Les attaques directes basées sur des caractéristiques protégées (comme la race, l’origine nationale, l’orientation sexuelle, etc.) sont aussi interdites. Toutefois, les généralisations comportementales et les déclarations de supériorité/infériorité sont largement autorisées, sauf si elles concernent des capacités intellectuelles ou utilisent un langage spécifiquement interdit. Les insultes mentales (comme « les lesbiennes sont stupides » ) restent interdites, mais les déclarations sur l’immoralité ou la maladie mentale (comme « les personnes transgenres sont malades mentales » ) sont autorisées.

Soyez subtil dans vos insultes

Vous avez du mal à vous représenter la chose ? Pas de souci, voici quelques exemples de discours de haine que vous avez le droit de répandre comme bon vous semble. Tout discours discriminant comportant des clichés racistes, transphobes ou homophobes, comme par exemple : « Les Noirs sont plus violents que les Blancs », « Les Italiens sont des connards », « Les Juifs sont carrément plus avides que les chrétiens », « les Mexicains sont paresseux », ou bien encore « Les personnes transgenres sont immorales », est autorisé. Dire que l’on déteste ou méprise un groupe en particulier ainsi que le fait de comparer ce dernier de manière déshumanisante est autorisé. À vous les bonnes blagues sur les migrants qui ne valent pas mieux que des « ordures » ou de « la merde ». À l’inverse, vous avez le droit de valoriser et d'affirmer la supériorité du groupe ethnique que vous souhaitez. Enfin, vous n’avez pas le droit de dire que les lesbiennes sont « stupides » ou que les Arabes sont des rats, car ces comparaisons utilisent des termes propres aux « insultes mentales » ou aux « animaux et aux éléments pathogènes ». Vous avez toutefois le droit de dire que les homosexuels ou les personnes trans sont des malades mentaux, rassurez-vous.

Contradiction haineuse

On notera que Meta n’évite pas les contradictions quand l’entreprise interdit les comparaisons avec des animaux ou des agents pathogènes, mais autorise les comparaisons avec des excréments ou des fluides corporels, bien que ces deux types de discours soient également déshumanisants. Par ailleurs, les généralisations négatives sont autorisées pour certains groupes (immigrants, Japonais) mais interdites pour d’autres (Noirs). Il est possible d’écrire des déclarations de supériorité raciale ou ethnique, sauf si elles impliquent des comparaisons intellectuelles. Plus bêtement encore, il est interdit d’utiliser le mot « fuck » dans un contexte haineux, mais il est autorisé d’employer d’autres insultes tout aussi vulgaires ou dégradantes.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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commentaires

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  1. Avatar Anonyme dit :

    Je propose d'insulter sans modération Meta et autre X sans modération bien sur ..... comme ça juste pour le plaisir.
    Et vive la différence !

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