Un magazine papier entièrement généré par IA, ça donne quoi ?

Le résultat est étonnant, mais tient-il vraiment ses promesses ? La réponse avec deux exemples.

On vous avait déjà parlé des sites web entièrement générés par IA qui singent les médias d’actualité et répandent de la désinformation. Au début du mois de décembre, un autre ersatz généré par une machine a été publié. Il s’agit de LHC pour Les Heures Claires, un magazine « papier » qui est pour le moment visible uniquement sous format PDF. Créé par Rémi Rostan, un photographe indépendant qui se présente sur sa page LinkedIn comme le fondateur du magazine, le projet se veut mensuel et a comme principal sujet… l’intelligence artificielle évidemment.

Ne lisez surtout pas les textes

À première vue, le résultat est foutraque. Les rubriques s’enchaînent avec des choix visuels très différents, sans cohérence ou fil rouge fort. L’intégralité des images est réalisée par IA et si certaines sont spectaculaires, il en ressort un sentiment d’artificialité et de répétition. Côté sujets, il y a à boire et à manger. L’auteur s’intéresse aux communautés qui gravitent autour du sujet de l’IA, offre des tutoriels pour ChatGPT et Midjourney (plutôt intéressant pour ceux qui veulent améliorer leur prompt) et propose des focus sur certaines initiatives comme la campagne de publicité de Val Thorens qui a été réalisé avec des images IA. Mais quand on plonge plus en profondeur dans les textes, le résultat est très souvent catastrophique. Le style est pompeux voire illisible, les angles ne sont pas clairs, les personnes interrogées pas toujours intéressantes et les questions posées par ChatGPT sont d’une platitude absolue. En résumé, on sent que le projet manque d’un regard un tant soit peu littéraire ou journalistique, ou simplement d’humain.

Encore au seuil de la parodie

LHC n’est pas la seule initiative de ce type. Un article de Radio France rapportait l’existence d’un autre magazine intitulé IELS (HESHE), créé par la graphiste et directrice artistique lyonnaise Nathalie Dupuy. En termes de graphisme, cette parodie de magazine de mode tient plus la route même si les images sont bourrées de défauts et les textes toujours aussi pénibles à lire. Mais Nathalie Dupuy assume en indiquant qu’elle voulait s’assurer qu’une machine ne pouvait pas encore la remplacer. Reste à savoir si l’avis du public, qui va habituer son regard à des visuels artificiels et des articles pesants aura le même avis qu’elle d’ici quelques années.