Une rue de Vincennes toute en verdure

« Nous voulons laisser la nature s'étendre partout en ville »

De plus en plus de villes végétalisent leurs rues et leurs bâtiments et certaines montrent le chemin à suivre. Vincennes fait partie de celles-là.

Située dans le Val-de-Marne à proximité immédiate de Paris, Vincennes fait partie des villes françaises pionnières en matière d'adaptation au réchauffement climatique. Depuis plus d'une décennie, la municipalité développe un programme de végétalisation à grande échelle. Objectif ? Ils sont multiples : lutter contre les îlots de chaleur, désimperméabiliser les sols, protéger la biodiversité et proposer un cadre de vie apaisé et serein. Vincennes a même pris de l'avance sur la capitale. Comment parvient-on à opérer une telle transformation ? Existe-t-il une méthode à appliquer ? Réponse avec Charlotte Libert-Albanel, maire de Vincennes.

Comment la ville de Vincennes a-t-elle réussi à développer un programme de végétalisation ?

Charlotte Libert-Albanel :   C'est un des grands objectifs de mon mandat. Dès 2010, Vincennes avait pris de l'avance sur cet enjeu par rapport à d'autres villes. Nous nous étions dotés d'un Agenda 21, c’est-à-dire un plan d'action pour le développement durable basé sur les objectifs définis lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992. Cet agenda prévoyait une série de mesures pour transformer la ville, avec notamment la volonté de renaturer de larges portions du territoire.

En 2022, dans la continuité de l'Agenda 21, nous avons lancé le Pacte éco-citoyen, qui concerne la période 2022-2027. C'est un plan d'action pluriannuel portant sur l'ensemble des politiques publiques, qui a été élaboré de manière participative avec les Vincennois dans une dynamique de coréflexion et de coconstruction. Ce pacte comprend plus de cent mesures pour lutter contre le réchauffement climatique : l’adaptation du bâti et des espaces publics, la renaturation et la protection de la biodiversité, la recherche de sobriété et d'efficacité énergétique, la préservation des ressources en eau, le développement des mobilités douces, la consommation responsable, la solidarité citoyenne, l’éco-exemplarité de la municipalité... C'est donc un engagement qui s'inscrit dans une stratégie de transformation globale et transversale pensée sur la durée.

Dès le départ, vous avez décidé d'impliquer les Vincennois dans les différentes prises de décision. Pourquoi était-ce important ?

C.L-A : Nous voulions que les habitants prennent part à ce mouvement, car ce sont les premiers concernés. C'était un point important dans la mesure où la végétalisation change l'aspect de la ville et la façon d'y vivre. Par ailleurs, nous avions prévu de supprimer un certain nombre de places de stationnement pour y mettre des jardinières et des espaces plantés. Or, la question de la voiture est toujours un point sensible qui peut générer de fortes oppositions. Nous voulions nous assurer que les riverains adhéreraient au projet et qu'ils en comprendraient l'intérêt. Nous avons donc organisé des réunions publiques pour expliquer ce que nous envisageons de faire. Afin de déterminer le nombre de places de stationnement à conserver, nous avons proposé plusieurs options. Ce sont les habitants qui ont tranché. Ce type d'initiative participative, basé sur le dialogue et la concertation, permet d'apaiser les tensions et d'arriver à un consensus qui satisfait tout le monde.

Si des objectifs précis avaient été définis dans le Pacte éco-citoyen, ont-ils été atteints ?

C.L-A : L'Agenda 21 prévoyait que 80 % de la superficie de la ville serait à terme "apaisée", bénéficiant d'un plus grand nombre d'espaces verts et d'un trafic automobile moins important. Avec le Pacte éco-citoyen, nous voulions mettre un coup d'accélérateur à la renaturation. À date, ce sont 5 000 mètres carrés de toitures d'écoles et de centres sportifs qui ont été végétalisées. Nous avons renaturé plusieurs rues, doublé la superficie des espaces verts et créé sept nouveaux jardins publics. Pour encourager le développement de la biodiversité, nous avons installé des hôtels à insectes et des nichoirs à oiseaux un peu partout en ville, ainsi que six ruches municipales. Par ailleurs, nous sommes devenus "zéro phyto". Nous n'utilisons plus de produits phytosanitaires pour l'entretien de nos parcs et jardins. Nous allons continuer sur cette lancée.

Vincennes est une ville patrimoniale et historique. En quoi cela complique-t-il la végétalisation ?  

C.L-A : Vincennes compte en effet un grand nombre d'immeubles datant du XIXᵉ siècle, voire plus anciens. C'est évidemment un frein, car il est plus difficile d'agir sur ce type de bâti. Ce n'est cependant pas le principal obstacle que nous avons eu à franchir pour végétaliser. Nous avons un problème spécifique de densité. Vincennes occupe un petit périmètre de 191 hectares dans lequel vivent un peu moins de 50 000 personnes. À titre de comparaison, notre ville est plus dense que New York. C'est ce qui fait que, sous le sol, nous avons un enchevêtrement complexe et extrêmement resserré de câbles et de canalisations, que ce soit pour l'électricité, le gaz, l'eau, les télécommunications, ce qui a rendu certaines opérations plus délicates à effectuer. Pour être certains de bien faire les choses, nous avons dû faire appel à un bureau d'études qui a guidé et conseillé les équipes chargées de la végétalisation et de la désimperméabilisation.

Quels sont les résultats de la renaturation et le gain pour les Vincennois ?

C.L-A : Les habitants des rues qui ont été végétalisées sont maintenant plus à même de supporter les effets du réchauffement climatique. lls ont moins chaud quand les températures sont très élevées. Sur l'ensemble de la commune, nous avons multiplié les jardinières et planté de nouveaux arbres pour faire en sorte que tous les Vincennois profitent de ce virage vers le vert. Grâce aux plantes, nous avons apporté de la fraîcheur en ville. En végétalisant, nous avons aussi désimperméabilisé de vastes zones qui étaient recouvertes de bitume. La pluie peut désormais s'infiltrer dans les sols, ce qui limite les risques d'inondation. Vincennes est désormais en partie renaturée, ce qui la rend plus agréable à vivre.

Quelles sont les prochaines étapes ?

C.L-A : Nous voulons laisser la nature s'étendre partout en ville. En 2025, nous allons végétaliser deux nouvelles rues. Par ailleurs, nous visons 2 000 mètres carrés supplémentaires de jardins publics à l'horizon 2026, ainsi chaque Vincennois accédera à un espace vert à dix minutes à pied de chez lui. D'ici quelques années, Vincennes aura changé de visage. Ce sera une ville plus verte, plus résiliente face au changement climatique, et également plus apaisée. Elle offrira une meilleure qualité de vie à ses habitants. 

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commentaires

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  1. Avatar Anonyme dit :

    Mais on se fout de nous TOUS alors qu’on a laissé détruire des arbres parfaitement sains devant le château en condamnant du même coup toute une faune, on ose nous parler de « laisser la nature » !!! Non il s’agit de « décorer » Vincennes rien d’autre, les arbres en pots ce n’est pas la nature libre ! enfin Vincennois ouvrez les yeux, ouvrez les esprits. Et regardez ce que l’on fait aussi à notre bois !

  2. Avatar Sylvie dit :

    Bonjour, un plan intéressant pour les Vincennois qui doit permettre de rattraper le retard de cette commune limitrophe de Paris. Dommage que la mairie ait dans le même temps fait abattre 18 arbres anciens devant le château pour pouvoir araser les talus, ces arbres selon l'expertise du GNSA n'étaient pas malades. Il est important de rappeler aux collectivités locales que la priorité est de préserver les arbres anciens puits de carbone et ombrières naturelles et non de les remplacer par de jeunes arbres qui ont souvent du mal à pousser en raison des conditions climatiques extrêmes actuelles.

  3. Avatar Anonyme dit :

    Ce sujet des arbres devant le chateau et la problématique de leur racine ainsi que la qualité du talus a été expliqué plusieurs fois. On peut essayer de croire ces explications. Ou pas.
    On ne peut pas accuser la ville de ne pas prendre la végétalisation et la conservation des arbres au sérieux.

  4. Avatar citoyen enervé par le marketing dit :

    MARRE DE CE MARKETING de la végétalisation ! au final ce ne sont que des pots de fleurs posés à droite et à gauche...les carrefours deviennent des dépotoirs à poubelles et publicité; le château de vincennes une foire du trône ; la biodiversité n'en parlons pas :les corneilles et les pies ravagent tout, pas vu un moineau depuis dix ans... quant aux couples de faucons du chateau bon courage avec le bordel touristique que la mairie installe...je ne vous parle pas des insectes je devais avoir 10 ans quand j'ai la dernière cicendelle ou apollon vivants...
    sous de faux airs de végétalisation la betonisation continue de plus belle
    Y_en a vraiment marre de ces discours foireux qui passent tout au mercantilisme le plus stupide!!!!!!!!!!!

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