Les photos d'animaux en voie d’extinction sont trop souvent les mêmes...

Les photos d'animaux en voie d’extinction sont trop souvent les mêmes...

© Andrea Brataas

À quoi servirait plus de diversité dans nos représentations du monde animal ? À améliorer notre compréhension de l’extinction des espèces.

Un lynx s'étirant au soleil, un bébé macaque endormi dans les bras de sa mère, un faucon pèlerin en pleine chasse. Ce sont quelques exemples de magnifiques photos visibles sur le site officiel du Wildlife photographer of the year, le plus grand concours au monde de photo du règne animal.

L’an dernier, la compétition fêtait sa 60ème édition à laquelle près de 60 000 photographes professionnels ou amateurs ont participé. Venus de 117 pays, ils représentent, selon la présidente du jury « la diversité des espèces, une gamme de comportements et des questions de conservation. »

Les animaux bankables et les autres

C'est sur l'aspect diversité qu'une étude parue dans la revue People and Nature s'est penchée. « La photo de la vie sauvage offre une vue réaliste », résume un des auteurs, Jon Morant Etxebarria, de l'Université d'Alicante. « Mais il y a toujours des biais avec des biomes et des groupes d'animaux plus populaires que d'autres. »

Avec d'autres chercheurs, il a analysé les photos soumises au concours entre 2010 et 2024 et a constaté une surreprésentation de certaines catégories. Environ un tiers des 1 590 photos viennent d'Europe. La moitié représente des animaux, au détriment des plantes ou des champignons. Au sein des animaux, les mammifères sont très présents avec 376 photos sur 828. Les oiseaux ont 218 clichés qui leur sont consacrés et seulement 80 pour les insectes.

Les auteurs ont découvert que certaines espèces étaient particulièrement populaires. En tête, le roi des animaux, le lion. Suivi de loin par le renard roux, l'ours polaire et le tigre, en quatrième position. Le top 10 est composé à 100 % de mammifères, surtout des prédateurs iconiques.

Tout un pan du monde naturel échappe donc en partie à ce concours. Est-ce grave ? Selon les auteurs, nous sommes nombreux, dans nos sociétés modernes, à être coupés de la nature et par conséquent : « Le contact se fait essentiellement à travers la photo, la vidéo, ou les articles écrits. C'est pourquoi le matériel pour raconter la préservation de ces espèces est primordial. »

Des risques d'extinction pour les moins populaires

Le chercheur détaille : « Il y a une relation étroite entre les espèces vertébrées charismatiques, qui attirent généralement les plus gros fonds, et le top 10 des espèces représentées dans ces concours. Plusieurs recherches montrent que ces animaux attirent davantage d'argent et bénéficient de plus d'efforts de conservation que d'autres espèces moins charismatiques ou plus distantes des humains. »

Pire : si ces représentations s'étendent pour diriger les politiques de conservation, il y a le risque de mettre en danger d'autres espèces. Ainsi, les gros mammifères favorisés par le concours sont parfois considérés comme des espèces parapluie. Cela signifie que leur protection demande tellement d'efforts qu'elle bénéficie à de nombreux autres êtres vivants. Mais ce n'est pas toujours le cas. Par exemple, les réserves naturelles destinées au panda géant ne conviennent pas à l'ours noir d'Asie ou au Moschus qui vivent sur le même territoire. Ces décisions devraient donc être dictées par "l'efficacité" plutôt que par l'affect.

Heureusement, le concours semble corriger ses biais. « Les tendances changent », assure Jon Morant Etxebarria. « Il y a une hausse de la représentation de groupes historiquement ignorés comme les insectes. Mais aussi certains milieux comme les mangroves et les écosystèmes marins. » Par ailleurs, dans les dix dernières années, le concours a fait de grandes avancées. « Ils ont ajouté de nouvelles catégories, comme celle des invertébrés par exemple, ce qui accroît la visibilité de plusieurs groupes longtemps ignorés. »

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commentaires

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  1. Avatar patdesalpes dit :

    pourquoi aller au bout du monde pour défendre la biodiversité? les espèces en voie de disparition , il y en a dans nos campagnes "françaises" : le lièvre, le perdreau, le faisan ...tous ces animaux sauvages qui détruisent les cultures, engrangeant des pertes d'exploitation pour nos agriculteurs!(pas tous) la dernière en date, la chasse autorisée des ramiers (pigeon) jusqu'à la fin mars en tant que nuisible...Grace à nos médias, les haies sont "de nouveau " coupées afin de produire plus, nourrir les français (la moitié de la production de blé part à l' exportation), validation de pouvoir utiliser certains pesticides...destruction des zones humides, extension possible des zac, fin des jachères, elle sera belle notre campagne pour nos petits enfants.

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