un homme avec plein de dossiers dans les bras

Workslop : Ce travail bâclé généré par IA qui coûte cher aux entreprises

Une nouvelle étude montre que les IA pourraient coûter du temps et de l'argent aux entreprises.

Il y a le rêve, continuellement vendu par l’industrie de l’IA, et puis il y a la réalité. D’un côté, on envisage un monde du travail placé sous booster : méga agile, ultra-productif, avec des présentations PowerPoint impeccables, des résumés d’études universitaires précis et des lignes de code propres. De l’autre côté, il y a le workslop. Ce mot-valise composé des termes « work » et « slop » – ces contenus produits par IA de qualité médiocre (ou carrément inepte). Il désigne donc un travail généré à la va-vite avec une IA par une personne non spécialiste et qui demande à celle qui le reçoit une correction, voire une reprise totale de la tâche.

Un coût financier et humain

Cette tendance a été identifiée dans le cadre d’une étude menée par BetterUp Labs en collaboration avec le Stanford Social Media Lab. Cette dernière, toujours en cours, a été conduite auprès de 1 150 employés à temps plein basés aux États-Unis, tous secteurs confondus, et révèle que le workslop concerne 40 % des personnes interrogées. Ces employés estiment qu’en moyenne seulement 15,4 % du contenu reçu au travail sont pertinents lorsqu’il est généré par IA. La plupart du temps, cette confrontation au workslop se fait entre pairs (40 %). Pour 18 %, il s’agit de documents envoyés par les managers aux subordonnés, tandis que le trajet inverse concerne 16 % des employés.

Réalisée dans la continuité d’une étude du MIT Media Lab, publiée en juillet dernier, et qui montrait que 95 % des entreprises interrogées ne constataient aucun retour mesurable sur leur investissement dans ces technologies, l’étude met aussi en lumière plusieurs coûts liés au workslop. Le premier, et le plus évident, est le coût financier de ces négligences. D’après ses calculs, les employés perdent en moyenne une heure et 56 minutes par mois à gérer chaque incident, soit une taxe invisible de 186 dollars. « Pour une organisation de 10 000 travailleurs, compte tenu de la prévalence estimée du manque à gagner (41 %), cela représente une perte de productivité de plus de 9 millions de dollars par an », indiquent les chercheurs. S'ajoute ensuite un coût interpersonnel que les auteurs jugent plus alarmant. En pesant sur la collaboration au travail, le workslop induit des jugements pénalisants sur les compétences des collègues, jugements qui sont plus durs lorsqu’ils concernent une femme.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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