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Crypto : quand les technologies blockchain s’hybrident avec la finance

Avec Bpifrance
© Générée par IA

Si le monde de la crypto a longtemps rêvé d’être une alternative à la finance, un nouveau chemin semble s’ouvrir pour les acteurs du secteur : celui d’une industrie financière hybride, où la tokenisation d’actifs financiers transforme en profondeur les usages traditionnels. 

Ironie de l'histoire : les cryptomonnaies, nées pour contourner le système financier traditionnel, s'apprêtent à le transformer de l'intérieur. Ce mardi 20 mai 2025, c'est dans les locaux de Bpifrance Le Hub - le bras opérationnel pour les fonds de capital risque et l'accompagnement personnalisé des startups - que se tient une soirée d'échange sur le sujet. Une question est sur toutes les lèvres : quel est l’impact réel de la crypto sur l’industrie de la finance ?

Nées en 2008 en pleine crise financière, les technologies blockchains fonctionnent comme d'immenses bases de données décentralisées. Ces registres sont accessibles à tous les utilisateurs, un peu comme un grand livre de comptes public et infalsifiable. Chaque modification y est inscrite de manière indélébile et chacun peut la consulter sans jamais pouvoir modifier les entrées précédentes.  
Sécurisation des transactions, cryptomonnaies… Ce haut niveau de transparence et de sécurité a ouvert la voie à de nouveaux usages. Près de vingt ans après leur création, « 12 % des Françaises et des Français détiennent des cryptos-actifs, avance Stanislas Barthelimi, président de l’ADAN, la principale organisation professionnelle du secteur. Dans cinq ans, nous estimons que ce chiffre atteindra 30 %. »

Vers une tokenisation accrue

L’explosion des usages se traduit par l’émergence d’une filière économique forte, de plus en plus soutenue par les acteurs économiques traditionnels. Ces dernières années, selon Bpifrance, les entreprises du secteur ont ainsi levé 2 milliards d’euros - dont 100 millions injectés directement ou indirectement par l’institution. Cette dynamique d'investissement reflète une vision nouvelle du secteur. « Notre conviction, c’est que la blockchain est une mise à jour pour l’industrie financière » , affirme Clarisse Hagène, CEO et co-fondatrice de Dfns, une plateforme de solutions Wallet as a Service (WaaS), permettant aux fintech et aux entreprises financières de créer et déployer des portefeuilles de crypto pour leurs clients.

L'arrivée de cette nouvelle technologie, il y a une dizaine d’années, a d’abord provoqué une phase d'effervescence. De nombreuses start-up ont alors misé sur le tout blockchain et promis des technologies bancaires entièrement basées sur cette technologie ultra-cryptée.
« Ça n'a pas pris car les solutions étaient trop complexes pour les clients, constate Clarisse Hagène. Mais cet échec a permis au secteur de mûrir et de se recentrer sur des cas d'usage précis ». 
La tendance est aujourd’hui à l’hybridation. « La crypto ne bouleverse pas l’écosystème financier mais simplifie et transforme des secteurs bien précis comme celui des paiements  » , détaille Charles Moussy, directeur de l'Innovation et de la finance digitale à l'Autorité des marchés financiers (AMF), l'autorité publique indépendante en charge du contrôle du secteur. Mais c'est surtout la tokenisation qui incarne cette nouvelle ère. Cette technologie utilise la blockchain non plus pour créer des crypto-monnaies, mais pour représenter numériquement des actifs traditionnels - immobilier, actions, œuvres d'art - sous forme de jetons échangeables. En d'autres termes, elle applique les avantages de la blockchain (transparence, suppression d'intermédiaires, transactions rapides) aux actifs du monde réel. Cette solution a déjà été adoptée par le géant américain BlackRock, qui propose d'investir dans des bons du trésor américains via la blockchain Ethereum. « On veut faire en sorte que la tokenisation soit massivement possible » , pointe Charles Moussy. Le marché pourrait à terme atteindre les 25 milliards de dollars, selon Bpifrance.

Des régulations plus fortes

L’adoption du règlement MiCA, en 2023, qui instaure à l’échelle européenne des règles communes pour le marché des crypto-actifs, symbolise cette hybridation nouvelle. Pour la première fois, le secteur de la crypto se dote d’une réglementation européenne uniforme, et les acteurs majeurs acceptent de jouer selon des règles communes.

« Le choix qui a été fait, avec MiCA, de créer un cadre ad-hoc pour les cryptos, est une bonne décision » , se félicite Charles Moussy, pour qui le caractère unique de ces technologies justifiait la création d’un texte spécifique. « Cette réglementation a été absolument bénéfique, reprend Clarisse Hagène. Avant 2019, on évoluait dans l’entre-soi d'un secteur crypto-natif. L'émergence d'un cadre réglementaire a permis de rassurer d'autres acteurs, comme les institutions publiques et les fintech, qui sont venus grossir nos rangs.». Thibault Langlois Berthelot, cofondateur et président du réseau étudiant Kryptosphère, abonde :   « Quand vous êtes une société et que vous vous installez à l’étranger, vous cherchez des garanties, une sécurité juridique qui est aussi une promesse de rentabilité. Si vous ne savez pas de quoi va être fait demain, c’est très compliqué de s’engager sur dix ans. MiCA apporte cette stabilité » . Attention cependant, tempère Stanislas Barthelemi : « La clarté apporte de très bonnes choses, mais elle risque aussi de réglementer des usages émergents. Il ne faudrait pas qu'elle constitue un frein à l’innovation ».

Parallèlement, le secteur de la finance connaît une autre révolution profonde : celle de l’intelligence artificielle. « Le trading algorithmique, c'est-à-dire l’automatisation d’une partie du trading, est assez massif aujourd’hui, détaille Charles Moussy. Le robot advising se développe fortement. L’IA va aider les conseillers à la décision, voire donner directement au client le conseil dont il a besoin. Quelques fintechs développent aussi de l’analyse de sentiment sur certaines actions » . Une nouvelle révolution technologique qui pourrait bien catalyser la première : « La blockchain et l’IA sont des briques technologiques différentes, détaille Thibault Langlois Berthelot, mais elles sont complémentaires et vont forcément ouvrir de nouveaux usages et de nouvelles opportunités »

Tokenisation, intelligence artificielle, nouvelles régulations... Vingt ans après le Bitcoin, la vraie révolution n’est peut-être pas celle qu'on attendait et la disruption tant promise a finalement pris la forme d'une métamorphose. De l'intérieur.

Bpifrance Le hub organise en son sein une vingtaine d'événements par an, gratuits et ouverts à tous. Retrouvez tous les détails du programme ici !

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