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    Florence Rizzo, Fondatrice et co-directrice d'Ecolhuma

    florence rizzo

    Florence Rizzo est membre de L’ADN Le Shift, le collectif du média L'ADN, son prolongement humain.

    Si vous deviez raconter votre parcours en quelques lignes… quel fil rouge relie vos différentes vies professionnelles et personnelles ?

    F.R. : Je viens d’un petit village de l’est de la France. Dans la famille immigrée de mon père, les hommes étaient mineurs et les femmes au foyer. Pour eux, l’école représentait l’unique chance d’émancipation. Depuis, ce fil rouge ne m’a jamais quittée : l’éducation comme levier d’égalité et de dignité. De mes années à Sciences Po, à l’ESSEC et chez Ashoka, jusqu’à la création d’Ecolhuma, tout converge vers cette idée : accompagner celles et ceux qui éduquent, car on ne transforme pas le monde sans transformer l’école. Et on ne transforme pas l'école sans soutenir ceux qui la font au quotidien. Chaque étape de ma vie a été un apprentissage sur ce que veut dire “donner à chacun sa chance”, qu’il s’agisse d’un enfant, d’un enseignant… ou d’une femme entrepreneure issue d’un milieu modeste.

    Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous occupe l’esprit ou vous fait vous lever le matin (en dehors du café) ?

    F.R. : L'école et l'engagement, souvent silencieux, des enseignants dans un métier devenu à risque, mais toujours essentiel.
    Je me lève chaque matin avec cette conviction : si l’école va bien, les jeunes générations s'émancipent et la société va mieux.
    Et parce qu’il reste encore trop d’inégalités, trop de talents empêchés, je me dis qu’on n’a pas le droit de baisser les bras.

    Y a-t-il une rencontre, une date ou un moment qui a changé votre manière de voir le monde ?

    F.R. : Le 14 juillet 2010.
    Ce jour-là, j’ai tout quitté : mon emploi, mon appartement, mes certitudes, la France.
    Je suis partie seule avec un sac à dos et beaucoup, beaucoup de questions.
    Ce voyage du cercle polaire aux favelas de Rio m’a appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la décision d’avancer malgré elle.
    C’est là que j’ai compris que je voulais agir à la racine des inégalités, par l’éducation.

    Les œuvres (romans, films, expositions, séries, BD, musiques…) qui vous ont retourné·e ou que vous glissez volontiers dans les mains de vos amis ?

    F.R. : Les Vertus de l’échec de Charles Pépin – un livre qui m’a aidée à accepter mes chutes comme des apprentissages.
    Le Cercle des poètes disparus parce qu’il fait aimer l’idée qu’un professeur peut changer une vie.
    Une vérité qui dérange d’Al Gore, qui m’a réveillée sur la fragilité de notre planète et la nécessité d’éduquer autrement.

    Mutation ou transformation : quel grand changement (sociétal, technologique, culturel…) vous semble le plus déterminant pour votre secteur ?

    F.R. : La transformation culturelle dans une éducation percutée par l'intelligence artificielle

    Tant qu’on considérera l’éducation comme un coût et non comme un investissement collectif, on passera à côté de l’essentiel.
    La révolution, c’est celle de la reconnaissance du rôle des hommes et des femmes qui portent la mission d'éduquer les générations futures. À l'heure où l'IA rebat les cartes des métiers en voie d'obsolescence, il faut remettre de l'attention sur les métiers du lien, du soin et de la main.

    Les enseignants font partie de ces métiers essentiels pour aider les générations futures à grandir en humanité.

    Une collaboration, un projet ou une initiative dont vous êtes particulièrement fier·e ?

    F.R. : Le lancement d'EtrePROF, notre communauté de plus de 200 000 enseignants.
    C’est un espace d’entraide et de partage qui redonne du souffle à celles et ceux qui tiennent l’école debout.
    Voir un prof épuisé reprendre confiance grâce à un pair, c’est une victoire silencieuse mais immense. Car un prof qui va bien, ce sont des jeunes qui ont un cadre éducatif épanouissant pour apprendre et grandir.

    Votre manière d’innover : comment cultivez-vous la curiosité ou la créativité dans votre quotidien professionnel ?

    F.R. : Je lis, beaucoup, mais surtout j’écoute. Les enseignants, les chefs d’établissement, les élèves, mes enfants. Je crois que l’innovation vient du terrain, pas des PowerPoint. Et j’essaie de préserver une part de silence : marcher, écrire, observer, parce que les idées naissent souvent dans les interstices.

    Une personnalité ou un courant de pensée qui influence votre manière de voir le monde du travail ?

    F.R. : Albert Camus, entre indignation et lucidité. Il appelle à une nuance, si nécessaire dans notre époque "tranchée". Et plus récemment, le courant de l’entrepreneuriat social, qui entend réconcilier sens et efficacité. Une femme dirigeante qui m'a beaucoup inspirée récemment : Jacinda Ardern. Elle a montré qu’on peut diriger un pays (la Nouvelle Zélande) avec exigence et douceur à la fois.

    Vous faites partie de L’ADN Le Shift, ce think tank un peu hors-norme : qu’avez-vous envie d’y trouver, ou d’y apporter ?

    F.R. : Des dialogues vrais, pas des postures. J’ai envie d’y apporter la voix du terrain, et notamment celle de ces enseignants qu’on entend trop peu. Envie d’apprendre des autres secteurs comment bâtir une société apprenante, qui ne laisse personne au bord du chemin.

    Votre ambition ou vos rêves pour demain : quel impact aimeriez-vous avoir sur votre organisation, votre secteur ou la société ?

    F.R. : Je voudrais que chaque enfant, quelle que soit son origine sociale ou géographique, ait la même chance d’apprendre, de rêver et de réussir.
    Parce qu’on ne choisit pas le milieu dans lequel on naît, mais on devrait tous avoir accès aux mêmes possibles.

    À travers Ecolhuma, mon ambition est de bâtir un véritable “service public du soutien aux enseignants”, à la fois humain et technologique : un espace d’entraide entre pairs, un droit à la formation continue, une culture de la coopération qui redonne du souffle au collectif éducatif.
    Je veux que le métier d’enseignant redevienne ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un métier de fierté, de respect et d’inspiration.

    Enfin, si vous deviez résumer votre raison d’être en une phrase, une maxime, une réplique culte ou même une punchline… Ce serait ?

    F.R. : Soutenir les enseignants, c'est soutenir un cordon de sécurité qui permet d'éveiller les consciences et de lutter contre les fake news à l'heure où nos démocraties sont fragilisées.

     

     

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