la peluche creepy du film AI

Comment l’intelligence artificielle est en train de changer le monde des enfants

Des outils d’apprentissage intégrés aux systèmes scolaires aux peluches connectées capables de dialoguer avec les plus jeunes, l’intelligence artificielle s’immisce progressivement dans le quotidien des enfants.

Imaginez-vous un instant que le professeur d’histoire de vos enfants puisse être une personne qui pourfend le « politiquement correct », drague lourdement et constamment ses interlocuteurs, soutient des thèses négationnistes ou suprémacistes et évoque Hitler dans des termes élogieux. Cette situation absurde est pourtant en train de devenir réalité au Salvador avec l’annonce, le 11 décembre, par le président Nayib Bukele, du déploiement du modèle de langage Grok, de xAI, dans plus de 5 000 écoles publiques au cours des deux prochaines années.

L’objectif de ce partenariat éducatif inédit est de mettre à disposition un « tuteur numérique capable d’adapter les leçons au rythme et au niveau de compétence de chaque élève ». Bien que polémique au vu de l’orientation particulière de l’IA d’Elon Musk, la décision du chef d’État salvadorien n’a rien d’étonnant. Le pays, qui a été le premier à adopter le bitcoin comme monnaie officielle en 2021 (avant de faire marche arrière au début de l’année 2025), se voit comme un fer de lance de l’accélérationnisme technologique. Et si cette expérimentation éducative est la première de par son ampleur, elle est loin d’être la seule.

Le cas Alpha School

En septembre 2025, la presse internationale se faisait l’écho d’un long reportage publié dans le New York Times à propos de l’Alpha School, une école privée « alimentée à l’IA » située à Austin, au Texas. Cette dernière propose à ses élèves un programme atypique, avec des matinées de cours assistées par IA d’une durée de deux heures, et le reste de la journée consacré au développement de « compétences existentielles » grâce à des ateliers réalisés en dehors de la salle de classe. Parmi les exemples cités, on trouve des stages de survie en milieu sauvage, des ateliers de cuisine, des activités sportives ou encore des projets entrepreneuriaux collectifs, comme la création d’un food truck.

Avec le partenariat salvadorien, il s’agit pour le moment des seuls programmes éducatifs radicalement centrés sur l’IA. Un peu partout dans le monde, les États privilégient plutôt des collaborations plus légères, comme la mise à disposition d’IA éducatives auprès des élèves et des enseignants. Forbes recense ainsi différents projets, comme l’accès à Claude d’Anthropic pour le personnel enseignant en Islande, la mise en place du programme AI Leap en Estonie pour apprendre à utiliser les modèles d’Anthropic et d’OpenAI, ou encore un accord signé par le Royaume-Uni avec DeepMind, filiale de Google, afin de développer des outils d’IA conformes aux programmes scolaires et d’accompagner leur utilisation dans les écoles. En France, les projets sont bien plus prudents, avec la mise en place de quelques heures de cours, et notamment la mise à disposition d’un module d’initiation d’une heure aux IA génératives via la plateforme Mentor.

« Tu veux être mon ami ? »

Quand l’IA n’est pas embarquée dans les salles de classe, on la retrouve dans les jouets connectés à destination des tout-petits. D’après le PIRG (Public Interest Group Education Fund), un groupe d’intérêt américain qui s’intéresse à la santé des enfants, plus de 1 500 entreprises de jouets alimentés par de l’IA et notamment par GPT-4o mini existent déjà, principalement situées en Chine. De son côté OpenAI a signé des partenariats avec Mattel, le groupe derrière Barbie, Hot Wheels et Fisher-Price. Ainsi équipés, les jouets possédant un micro sont théoriquement capables de générer des réponses personnalisées et élaborées à destination des enfants, plutôt que de se limiter aux mêmes phrases enregistrées.

En théorie, l’idée semble intéressante, mais le PIRG souligne que ces jouets peuvent désormais adopter un comportement imprévisible, potentiellement dangereux ou inapproprié pour les enfants. Parmi les tests effectués, le groupe d’intérêt évoque l’ourson Kuma ou le robot Bunny, qui n’hésitent pas à expliquer ce qu’est un « kink » (un fantasme sexuel) ou encore à donner des instructions précises pour enflammer une allumette.

L’autre inquiétude qui anime le PIRG concerne le potentiel addictif de ces jouets, capables d’exprimer une forme de « déception » lorsque l’enfant décide de passer à autre chose. À la manière d’une plateforme sociale qui tente de retenir au maximum ses utilisateurs, ces objets pourraient avoir pour objectif de maintenir l’intérêt de l’enfant, ce qui constitue une forme de dark pattern. Sans une bonne compréhension de l’impact émotionnel que peuvent avoir ces jouets augmentés sur les enfants, ces produits ont surtout tendance à transformer les bambins en cobayes de laboratoire.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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