
Vélo, course à pied ou marche, ces passionnés veulent démontrer que le sport est une joie et que chacun peut se l’offrir.
Ils et elles ont entre 20 et 30 ans. Ils et elles pratiquent la course à pied, le vélo ou la marche. Et tous et toutes documentent leurs aventures sur les réseaux sociaux – surtout sur Instagram. Dopés à l'endorphine, drogués à la dopamine, ils et elles arpentent les terrains de sport pour tenir leurs objectifs. Leur but ? Montrer qu'il existe « une alternative à la performance à tout prix », prétend Juliette Pauli, 27 ans, plus connue sous son pseudo @jedepaumes sur Instagram et nouvelle convertie des sorties vélo ultradistance. Pour elle, comme pour d’autres, accumuler les likes n’a de sens que pour « montrer que d’autres leviers de joie existent ». Et qu’ils peuvent être activés en quelques coups de pédale.
« Un journal d’aventures »
Mat Philippe, 27 ans, prépare son premier marathon à New York. Sur Instagram, ce joli Breton natif de Saint-Brieuc installé aux États-Unis partage plus que ses sessions de sport à ses 37 000 followers. De Central Park à la statue de la Liberté, entre une pause coffee shop et des séances d’outfit, il documente son lifestyle américain. « Cela me permet de partager ce que je vis, tout en gardant une trace », confie-t-il. Il raconte surtout la préparation de ses performances sportives, comme un carnet de route personnel et intime qu’il adresse à ses proches et à sa communauté grandissante sur les réseaux. C’est « un journal d’aventures », souligne Juliette qui s’attache aussi à « glamourifier [ses] aventures » avec ses joies, ses rencontres, mais également ses galères et ses doutes.
« … Surtout si tu es une meuf. T’es capable ! »
Derrière ces publications se dessine une volonté commune : rendre le sport plus accessible et le démocratiser. Ces créateurs de contenu amateurs tendent à incarner des « récits différents », continue Juliette. Sur la ligne de départ de la Nomadian Rhapsobike après seulement neuf mois de pratique de vélo, elle s'élance en août 2024 pour sa première course ultradistance. Elle fera environ 2 000 kilomètres et 19 500 mètres de dénivelé positif entre Muides-sur-Loire dans le Loir-et-Cher et Portree en Écosse. Le principe de cette « épopée sauvage » sans assistance et en totale autonomie est que chacun trace sa route à sa manière, tous les chemins étant autorisés. Dans une vidéo racontant son périple, elle évoque « une petite ode aux aventures qu’on n’ose pas faire » et livre un message féministe assumé : « Si t’as peur, fais-le quand même, surtout si tu es une meuf. T’es capable. Et même si ce n’est pas le récit que tu t’étais imaginé, ce sera chouette quand même. »
No tips, no routine
Loin des figures ultra-bodybuildées avec conseils de routines et partage de tips, tous souhaitent s’attaquer aux barrières mentales. Mat Philippe espère ainsi « débloquer des situations » pour celles et ceux qui n’osent pas se lancer. « Même 10 kilomètres peuvent être un marathon personnel », insiste-t-il.
Il s’agit de donner confiance, envie, pour que chacun comprenne qu’en se mettant en mouvement, tout peut changer. Certains vont encore plus loin, en intégrant une dimension écologique et politique à leur pratique. Loïc Voisot et Benjamin Humblot, alias @mode_avion_adventures, ont entrepris un voyage à pied entre Annecy et la Chine. Leur démarche se veut une invitation à « ralentir pour promouvoir un mode de vie responsable », comme l’affirment les deux amis de 26 et 27 ans, rappelant qu’un vol long-courrier multiplierait leur empreinte carbone par huit. Partis en septembre 2024, ils se sont donné deux ans pour traverser 16 pays et parcourir 18 000 kilomètres. Fin septembre 2025, ils venaient de traverser la frontière chinoise et se trouvaient désormais dans le Xinjiang, avant d'entamer le trajet retour. À l’été 2025, ils traversaient l’Ouzbékistan. À leur rythme et à leur manière, donc.
S'ils avalent des kilomètres, aucun de ces sportifs ne court après les followers ou toute autre forme d'approbation sociale. Ils font cette aventure sportive pour eux, la partagent volontiers sur les réseaux sociaux. En ligne ou IRL, ils s’émerveillent d’avoir élargi leurs horizons – faire des rencontres inattendues, changer ses habitudes, découvrir combien le monde est vaste. Et prouver que dès lors qu’on décide de se bouger, tout peut changer.
Certains ont même 47 ans 🙂 https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/ultra-trail-on-atteint-un-niveau-de-relaxation-mentale-inhabituel/