
« Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même », affirmait Daniel Pennac. Et il avait sûrement raison. C’est ce postulat que défendent ceux qui pratiquent la bibliothérapie, en utilisant la lecture comme méthode de soin.
Lire des livres pour soigner sa santé mentale. Si l’idée paraît farfelue, des internautes poussent cette idée qui n’est pas si nouvelle. Sur TikTok, Cait raconte à quel point la lecture de romances fantasy a « modifié la chimie de son cerveau et l'a guérie plus que toutes les thérapies qu’elle a suivies ». Dans les commentaires, ses viewers abondent dans son sens. « La littérature a amélioré ma santé mentale pendant des décennies », indique Jen, tandis que Gabby explique : « La lecture a toujours été un bon moyen de s’échapper pour moi, et c’est pour ça que j’adore la fantasy. »
Des « médicaments de l'âme »
Pour Cait, et pour bien d’autres avant elle, la littérature apaise beaucoup. Montaigne, dans Essais, voyait les livres comme des refuges enrichissants, offrant une échappatoire aux tracas de la vie. Plus tard, Toni Morrison considérait la littérature comme un puissant moyen de guérison, nous aidant à mieux comprendre notre identité. « La fonction de la littérature est de nous aider à comprendre qui nous sommes et d'où nous venons », disait-elle.
Mais l'idée possède à présent un nom : la bibliothérapie. À l’instar de l’art-thérapie, cette pratique repose sur l’idée que les écrits, surtout ceux auxquels s’identifie le lecteur, peuvent offrir des clés de guérison. Si certains psychologues (notamment aux États-Unis) commencent à prescrire des listes de livres, il est aussi possible de pratiquer la bibliothérapie dite « créative », pensée pour réveiller l’imaginaire du patient à travers la lecture à voix haute et l’écriture. C’est l’approche défendue par Régine Detambel, kinésithérapeute et écrivaine, dans Les livres prennent soin de vous. Elle y décrit les livres comme de véritables « médicaments de l'âme ».

Une révolution douce
La bibliothérapie se développe sous de multiples formes, et le lien entre lecture et bien-être prend de l’ampleur. Recommandations de livres sur Reddit, TikTok, discussions en bibliothèques, lectures à voix haute en groupe... Sur Instagram, Camille Luciani distille ses conseils littéraires pour les parents en quête de repères. De son côté, Sarah, alias @petits_loustics, partage ses suggestions jeunesse. Les deux créatrices animent aussi des ateliers et formations.
Au-delà des recommandations, ces passionnés passent à l’action. Camille, Sarah et bien d’autres. Mais la vague ne s’arrête pas aux pros : sur TikTok, des amateurs comme Linda lisent des extraits percutants ou suggèrent des lectures adaptées aux moments clés de la vie, comme la perte de confiance en soi. L’engouement pour la bibliothérapie dépasse les frontières des cercles littéraires traditionnels et s'étend, même, au domaine spirituel. Frère Paul Adrien conseille sur TikTok des extraits bibliques pour « les moments où l’on broie du noir ». Un signe que la bibliothérapie s’invite partout, là où on ne l’attend pas forcément.
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