
Payer pour risquer l’intoxication alimentaire et l’infestation de punaises de lit : vous n’en rêviez pas ? Ils le font pour vous !
« On est allés dans le restaurant asiatique le moins bien noté de Paris sur Google », annonce la voix off en introduction. Sur leur compte @on.ne.reviendra.pas (43.000 abonnés) lancé en novembre 2024, un duo d’amis à l’estomac solide arpente la capitale à la recherche des adresses les plus mal notées. De la brasserie où le serveur drague ouvertement les clientes, à la gérante qui hurle sur ses hôtes en passant par les plats réchauffés au micro-ondes…, rien n’arrête ces « aventuriers des temps modernes » pour reprendre l’expression de Clémentine Hugol-Gential, professeure spécialisée dans la communication alimentaire. « Le risque est modéré, mais renvoie quand même au risque alimentaire. »
Viser le pire, ça ne leur fait pas peur
Ce n’est pas la première fois que ce restaurant où la viande a « un goût bizarre » apparaît sur Internet. Bien que l’adresse ne soit pas citée, on peut la reconnaître dans une vidéo de Joyca publiée en mars 2024. « La dame est trop gentille, trop sympa, mais il y a une odeur… », explique le Yyoutubeur aux 6,48 millions d’abonnés depuis les toilettes du restaurant. Ce que confirme dans un TikTok la vidéaste @ninaliuba, après s’y être rendue à la demande de ses abonnés voulant la voir tester « le pire resto de Paris que Joyca a testé ».
Tester le pire plutôt que le meilleur n’est pas une idée nouvelle. Sur YouTube, le vidéaste Aleks (1,65 million d’abonnés) inspectait déjà en 2019 « l’hôtel le moins bien noté de France » avant que des youtubeurs plus influents comme Amixem (8,81 millions), Joyca ou Michou (10,2 millions) adoptent réellement le concept en 2024, faisant exploser l’intérêt des internautes pour ce type de contenus.
Ce soir, on s’encanaille !
Se refiler les dernières adresses tendances serait-il devenu has been ? Après le #foodporn et le #healthyfood, place au #badfood ! « Il y a une fatigue de l’esthétisation à outrance, l’injonction à être la meilleure version de soi-même. Alors on se débarrasse de toute forme d’esthétisation et d’uniformisation », souligne Clémentine Hugol-Gential. « Le #badfood pourrait être une forme de sublimation du dégoût, comme les bruits de bouche dans l’ASMR. »
« C’est un peu une forme de voyeurisme où on se délecte des lieux où rien ne va », estime-t-elle. Mais en trame de fond, il y a la recherche de l’authenticité, on s’encanaille dans des établissements qui n’étaient plus du tout valorisés. C’est intéressant de voir des producteurs de contenus tester et médiatiser ces espaces reclus. »
D’autant qu’une bonne surprise peut arriver, remettant en cause les notes en ligne. « Les commentaires ne reflètent vraiment pas la réalité : c’était pas cher et on a vraiment bien mangé », lance le duo de @on.ne.reviendra pas en sortant de ce qu’ils pensaient être « la pire pizza de Pontoise ». Cette fois, ils reviendront.
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