Une énorme pub proposant d'engager des IA plutôt que des humains

Dans la Silicon Valley, des publicités dystopiques vantent le remplacement des humains par des IA

Les entreprises d’intelligence artificielle choquent le public avec des campagnes de publicité désastreuses.

« Arrêtez d’embaucher (sic) des humains, embauchez Ava, votre intelligence artificielle BDR », BDR désigne les équipes stratégiques d’une entreprise. Affichée sur un billboard géant quelque part à San Francisco, cette publicité pour l’entreprise d’IA Artisan a provoqué la consternation sur le subreddit r/graphic_design, fréquenté par des professionnels du graphisme, forcément les premiers concernés par l’enjeu de la concurrence homme-machine. Dans les commentaires, le ton est acerbe. « Ce léopard ne mangerait sûrement jamais mon visage », écrit l’un, tandis qu’un autre redditeur fait remarquer que le double r sur le mot « hirring », qui est souligné en rouge, est évidemment intentionnel pour mettre en avant les fautes faites par les humains.

« Le problème est que la technologie ne soutient pas vraiment le message ici », réplique un autre internaute. « L'IA est incroyablement sujette aux erreurs et aime aussi inventer des conneries lorsqu'elle n'a pas de réponse. »

Bienvenue dans le monde cringe de l'IA

C’est loin d’être la seule publicité de ce genre à provoquer des réactions aux États-Unis. Dans un article de TechCrunch, le journaliste Maxwell Zeff répertorie les affichages ainsi que la publicité vidéo dystopique qui ont envahi le paysage urbain et médiatique de San Francisco. Les slogans incitent les potentiels clients à adapter leur main-d’œuvre à la vitesse de l’IA, à utiliser un outil qui « parle aussi bien aux voitures qu’aux baleines », ou encore à vanter « une intelligence si grande qu’on jurerait qu’elle vient du Texas ». Claude n’hésite pas à glisser directement dans la dystopie en mettant en avant son slogan : « Un chatbot, un ami. »

Du côté des vidéos promotionnelles, on trouve la même sensation d’étrangeté. Google a ainsi mis en avant un clip montrant un père demandant à une IA d’écrire une lettre à son sportif olympien favori.

Une autre entreprise, DIA, qui propose un navigateur web équipé d’un assistant IA, met en scène son CEO Josh Miller en train de demander à une IA d’écrire un message à destination de sa femme pour qu’elle l’aide à trouver des idées de cadeaux. Le résultat ? Une lettre écrite dans un style corporate et froid, qui se termine littéralement par « cordialement ». De quoi transformer un geste plutôt chaleureux au sein d’une famille en une tâche administrative automatisée.

Comme l’indique Maxwell Zeff, la Silicon Valley semble être enfermée dans un cycle de communication et de publicité ratées qui dépeint une humanité écrasée ou effacée par la technologie. La pub d’Apple, qui montrait des accessoires de créations artistiques se faire écraser par une presse hydraulique pour finir dans un smartphone, illustre parfaitement la vision dystopique proposée par cette industrie.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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