
De nombreux Américains tentent de rendre leurs vidéos virales pour pouvoir payer leurs soins grâce au programme de récompense des créateurs de la plateforme.
« Imaginez que vous avez une maladie handicapante sévère qui vous mettra dans une chaise roulante un jour, et que le gouvernement des États-Unis vous coupe votre assurance santé juste avant que vous receviez des attelles pour vos jambes afin de vous aider à mieux marcher. […] Mon dernier espoir, c’est vous, les gars. Aimez cette vidéo, commentez cette vidéo et partagez-la dans l’espoir que je puisse avoir de nouvelles prothèses. Ça serait incroyable pour moi. »
Sur TikTok, la vidéo de B3autyNth3B3ast, vue plus de 2 millions de fois, a de quoi vous fendre le cœur. Ce jeune homme, atteint de la maladie de Charcot-Marie-Tooth, marche difficilement sur ses jambes amaigries qui subissent une paralysie progressive. Sur sa chaîne, il explique en quoi consiste sa maladie, se met en scène avec son amoureuse, participe à des challenges, et surtout demande aux viewers de l’aider à financer son matériel de santé, en rendant sa vidéo virale. Il est loin d’être le seul à se prêter à cette nouvelle forme de mendicité médicale.
Devenir viral pour ne plus être malade
Comme l’a brutalement rappelé l’assassinat du patron d’UnitedHealthcare, le 4 décembre dernier à New York, les questions d’assurance santé sont un sujet particulièrement sensible aux États-Unis. De très nombreux Américains ne peuvent pas se soigner tant le système de remboursement des frais médicaux – entièrement laissé aux mains du secteur privé – est inégalitaire et défaillant.
Pour pallier ces problèmes, les Américains ont pris l’habitude de recourir à des collectes de dons sur le Web. Ceux qui ont regardé la série Breaking Bad se souviennent peut-être de cette scène où la famille de Walter White lance un site pour inciter les bonnes âmes d’Albuquerque à donner de l’argent pour payer son opération. Sur TikTok, le principe reste plus ou moins le même, si ce n’est que c’est l’argent réservé aux créateurs de contenu qui est visé.
Comme l’explique cet article de Rolling Stone Magazine, la plateforme de vidéos courtes permet à n’importe quel tiktokeur ayant plus de 10 000 abonnés et un minimum de 100 000 vues au cours des 30 jours précédents d’être éligible au programme de récompense des créateurs. Avec ce système, les viewers n’ont même pas besoin d’offrir des dollars ou des cadeaux virtuels. C’est la viralité de la vidéo qui assure à son créateur une part de revenu publicitaire, même si cette dernière est relativement basse.
Une à deux vidéos par jour
Dans un exemple donné, on apprend que la mère de famille Alexis Pruitt, qui a publié une vidéo de son fils de trois ans en train de danser pour payer sa facture médicale, a gagné 2 500 dollars pour 6,3 millions de vues, soit un ratio d’un dollar pour 2 521 vues.
C’est pour cette raison que les créateurs insistent particulièrement sur le fait de commenter, liker et partager la vidéo, afin de lui donner le plus de visibilité possible. À partir du moment où une vidéo a vraiment percé, les utilisateurs de TikTok doivent littéralement se transformer en créateurs de contenu professionnels et continuer à poster pour maintenir une petite entrée d’argent. Alexis Pruitt génère environ 500 dollars par mois en publiant une à deux vidéos par jour, un rythme très soutenu qui rend son enfant forcément très visible.
Et que je te propulse les images de mon gamin sur les réseaux sociaux... 🙁
L'Amérique un vrai cirque lamentable .
Incompréhensible pour nous les français ! Pour une question de gros sous, le pays le plus riche du monde est incapable d’assurer la santé pour tous ses habitants !