Un garçon sur les toilettes avec le logo Pump fun

Poulet décapité, enfants frappés, zoophilie et marathon sur des toilettes : l’enfer des live streamings de Pump.fun

Sur la plateforme de cryptomèmes, des streams sans aucune modération montrent le pire de l'humanité motivé par l'appât du gain.

Au moment où j’écris ces lignes, un jeune homme chevelu est assis sur des toilettes depuis trois jours, en direct sur la plateforme Pump.fun, spécialisée dans les cryptomèmes. Son objectif ? Faire monter la « valorisation » de son mème coin, intitulé Shitcoin, au-dessus des 50 millions de dollars. Tant que ce marketcap n’est pas atteint, il se filme en direct sur la cuvette où il dort, mange et…, fait ses besoins.

Pendant ce temps, sur la même plateforme, la caméra liée au coin CFC montre un coq se faire décapiter en direct. Le volatile a été tué par son propriétaire après avoir refusé un combat au sein du Chicken Fight Club, une arène retransmettant des combats illégaux pour faire grimper la valeur de la crypto.

Bienvenue dans le pire de l'Internet

Depuis quelques semaines, les émissions en direct de Pump.fun amusent et scandalisent la sphère des cryptobros. Pour rappel, cette plateforme de trading, qui se veut plus « cool et fun » que les autres, permet à ses utilisateurs de créer des coins, c’est-à-dire des cryptoactifs basés sur Solana. Une fois mis sur le marché, ces coins sont ensuite promus pour donner envie aux autres utilisateurs de les acheter, augmentant ainsi leur valeur. Pour faciliter cette promotion, Pump.fun a mis à disposition de ses utilisateurs un service de live streaming qui brille par son absence de modération. C’est donc très naturellement que la plateforme s’est transformée en un espace expérimental, toxique et absurde.

Outre cette histoire de marathon de toilettes et de poulet décapité, Pump.fun a vu passer des utilisateurs faisant du chantage au suicide, versant dans la violence ou l’humiliation pour faire gonfler la valeur de leur jeton. Tout y passe : depuis la promesse d’aller perpétrer un massacre dans une école, jusqu’à celle de frapper un enfant de trois ans, en passant par des scènes de pendaison, ou des travailleuses du sexe jurant de « se pisser sur le visage » à partir de 100 000 dollars de marketcap. On a aussi pu assister à des scènes extrêmes, comme une femme s’adonnant à la zoophilie, des enfants ou des chiens entravés et menacés de mort, ou encore des utilisateurs qui s’immolent par le feu.

Les enfants entrent en scène

En plus d’attirer tous les zinzins de l’Internet, la plateforme laisse des mineurs jouer avec les cryptos. On a pu suivre les aventures d’un garçon d’une dizaine d’années qui a menacé de tuer toute sa famille à coups de fusil à pompe si son coin n’atteignait pas les 60 millions de marketcap. Un autre enfant a mené un live au cours duquel son cryptoactif, $Quant, a pris une valeur de 30 000 dollars (pour un investissement de 500 dollars). Une fois qu’il a retiré son argent, les utilisateurs ont doxxé (trouvé et rendu publique) l’adresse de l’enfant et ont profité de la viralité de son post pour gonfler encore plus la valeur de son coin, qui a dépassé 35 millions de dollars de valorisation. Le reste de sa famille a par la suite été transformé en coin et vendu sur la plateforme, avec photos de profil à la clé.

Dans ce chaos infernal et cette absence de modération, Pump.fun semble juste attirée par l’appât du gain. La plateforme a réalisé près de 43 millions de dollars en frais de transaction en seulement sept jours. Tant que les autorités n’auront pas sifflé la fin de la partie, il est possible que les créateurs de Pump.fun finissent avec autre chose que du sang de poulet sur les mains.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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