Gros plan sur les mains d'un enfant qui dessine

Que proposent ces «coachs de fonctions exécutives » que les parents s'arrachent ?

© Kindelmedia

Votre enfant galère à jongler entre l'école, le sport et les écrans ? Faites appel à un coach de fonction exécutive.

Les coachs de fonction exécutive, autrefois limités aux enfants diagnostiqués TDHA, ont désormais du mal à répondre à la demande. Leurs nouveaux clients ? Des élèves incapables de gérer des tâches complexes et de jongler avec les activités du quotidien. Spoiler : pour vous offrir leur service, il faudra faire chauffer votre carte bleue.

Génération sous pression cherche coach EF pour s'organiser

C’est à la croisée des impératifs scolaires, des activités parascolaires et de la technologie omniprésente que les difficultés apparaissent. Kay Nash, cadre dans un cabinet d’avocats à Washington, témoigne dans le Wall Street Journal. Son fils, diagnostiqué TDAH dès la primaire, avait réussi à trouver un certain équilibre grâce à un traitement médical et un suivi adapté. À son entrée au collège, tout s’est complexifié.  « Il y avait plus de matières, plus de devoirs, plus de projets. » Refusant de devenir la « superviseuse » des études de son bambin, elle a décidé de faire appel à un coach de fonctions exécutives. Son rôle ? Enseigner à son fils des compétences organisationnelles de base, telles qu'apprendre à découper un projet en étapes simples, évaluer le temps nécessaire pour réaliser une tâche ou encore limiter le temps passé sur les réseaux sociaux.

Les fonctions exécutives, au cœur de l’apprentissage  

Qualifiées de « chef d’orchestre du cerveau », les fonctions exécutives se divisent en trois grandes catégories : la mémoire de travail (rétention et manipulation des informations à court terme), le contrôle inhibiteur (gestion des impulsions et des distractions), et la flexibilité cognitive (planification, résolution de problèmes, gestion multitâche). Pour ces coachs d'un nouveau genre, l’enjeu est autant de structurer les apprentissages que de donner aux jeunes les outils pour exercer un certain contrôle sur leur vie.

Un coaching réservé à une élite

Selon Brandon Slade, fondateur d’Untapped Learning à Denver, le besoin de coachs EF dépasse aujourd’hui les enfants diagnostiqués comme ayant des troubles spécifiques. « Même les étudiants neurotypiques peinent à accomplir des tâches de base et rencontrent des difficultés à organiser leur temps et à surmonter la procrastination », observe-t-il. Mais ne vous y trompez pas, facturés entre 125 et 225 dollars de l’heure, ces coachs sont réservés à une minorité. Une barrière financière qui fait des coachs EF une solution accessible à une élite, creusant encore davantage les inégalités éducatives. « Seules quelques familles peuvent se permettre ce type de soutien », regrette Slade.

La demande est telle que certaines écoles s'inspirent de la méthodologie des coach EF pour accompagner leurs élèves. C'est le cas de la Browning School par exemple, établissement privé de New York, où les enseignants forment les élèves à la Cornell Notes, une méthodologie de prise de notes, et encouragent l’utilisation d’agendas codés par couleur pour organiser leur quotidien.

Un problème plus systémique qu’individuel 

Mais si les coachs EF répondent à un besoin réel, « Le nombre de choix offerts aux jeunes a considérablement augmenté. Leur cerveau n'est pas programmé pour tous ces choix si tôt », indique Grant Leibersberger, fondateur du Focus Collegiate, certains experts invitent à prendre du recul. Les compétences exécutives ne sont pas innées : « elles s’acquièrent progressivement, en expérimentant IRL », explique Phyllis Fagell, conseillère scolaire et auteure de Middle School Superpowers. Un avis partagé par Ellen Braaten, psychologue à la Harvard Medical School, pour qui ce serait l’évolution des modes de vie qui serait en cause : « Nous avons supprimé les meilleures occasions de développer ces compétences, comme les petits boulots, les corvées à la maison ou même les trajets quotidiens à pied. » Selon elle, le coaching EF ne saurait être une solution universelle. Il illustre simplement un besoin fondamental : la nécessité de rééquilibrer l’éducation pour permettre à chaque enfant – qu’il soit en difficulté ou non – d’acquérir les outils nécessaires pour naviguer sereinement dans une société de plus en plus complexe.  

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.

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