Moduler la température du chauffage dans la journée, programmer son chauffe-eau ou recharger son véhicule électrique l'après-midi plutôt que le soir… Autant de pratiques qui pourraient devenir vos nouveaux automatismes. Et vous aurez tout à y gagner.
L’écologie et les questions de pouvoir d'achat figurent parmi les principales préoccupations des Français. Ces dernières années, celles-ci ont pu être renforcées par les conséquences de plus en plus prégnantes du changement climatique et celles, simultanément, d'une crise inflationniste. En conséquence, les consommateurs d'électricité sont devenus à la fois plus attentifs à leurs usages et à la question de son prix.
La bonne nouvelle, c'est qu'ils vont pouvoir profiter dans les prochaines années d'un triple bénéfice. Réduire d'un même geste leur facture d'énergie et leur empreinte carbone tout en contribuant dans le même temps très directement à accélérer l'électrification du pays et la transition énergétique. Mais comment ? En devenant des acteurs de ce que RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, appelle « la flexibilité de la consommation au quotidien ».
Cette notion n'est pas nouvelle. Bien connu des Français, le système des heures pleines-heures creuses avait été mis en place dès les années 1960 dans l'idée de permettre aux utilisateurs de consommer une électricité moins chère durant les heures de plus faible demande. Un exemple typique est l'asservissement du ballon d'eau chaude électrique, programmé pour se déclencher uniquement durant les heures creuses. Aujourd'hui, 15 millions de Français détiennent un abonnement de ce type, qui est amené à évoluer pour répondre notamment à l'augmentation de la production solaire. La Commission de Régulation de l'Energie (CRE) a lancé une consultation sur le sujet.
L'enjeu clé des prix différenciés
« Nous sommes dans un moment propice à une nouvelle optimisation de notre consommation d'électricité. Il y a aujourd'hui une opportunité à saisir, par ceux qui le peuvent, qui est de profiter d'une électricité peu polluante et moins chère », observe Yannick Jacquemart, directeur Transformation de l'Exploitation du Système électrique et Intégration des Flexibilités chez RTE. « Il y a plusieurs conditions préalables pour que les consommateurs aient de bonnes raisons de s'y intéresser », poursuit-il, citant la nécessité de pratiquer des « prix différenciés » sur les offres de marché.
« Le premier préalable doit venir des prix : il faut que le consommateur y gagne » analyse Yannick Jacquemart. Au différentiel de prix, s'ajoute une deuxième condition : « Quand on décale son chauffe-eau la nuit, ça marche parce que c'est automatique, il n'y a pas besoin d'y penser. Il faut donc que les consommateurs aient la capacité de pouvoir programmer leurs différents usages, que ce soit leur système de chauffage, si on parle de radiateurs électriques ou de pompes à chaleur, ou la recharge de leur véhicule électrique par exemple ».
La gestion intelligente de ses consommations, un atout phare
Les technologies qui permettent un meilleur pilotage de sa consommation pour les particuliers existent déjà et sont en cours de déploiement. Ce pilotage peut être manuel ou, mieux encore, automatisé. « C'est ce qu'il y a de plus optimal car l'équipement intelligent prend en compte le signal tarifaire afin d'optimiser la facture d'électricité. Il programme selon les différences de prix. L'autre avantage, c'est que l'on peut ajouter progressivement des usages au système de pilotage » souligne Yannick Jacquemart.
Les consommateurs pourront donc à terme bénéficier sans effort et sans le moindre impact sur leur confort d'une électricité abondante qui a le double-avantage d'être peu polluante et moins onéreuse. Certains usages, comme la recharge d'un véhicule électrique, la modulation du chauffage des pièces ou le lavage du linge pourront ainsi être décalés et programmés automatiquement la nuit et en journée vers la plage méridienne. Celle-ci correspondant au pic journalier de production solaire, entre 11 et 17 heures.
« Décaler ses consommations, ce n'est ni éteindre sa télévision le soir, ni une injonction »
« Ça ne paraît pas grand chose comme ça mais ce dont on parle, c'est une somme de petits gestes qui pèsent réellement. Au printemps, on a eu 6 à 8 GW d'électricité renouvelable non-consommée certains après-midis mais on a démarré 10 GW de chauffe-eau à 23h parce qu'ils étaient programmés pour se déclencher à cette heure-là. On voit assez facilement que si on avait pu placer ces chauffe-eau l'après-midi, on n'aurait pas gaspillé de l'énergie propre », souligne Yannick Jacquemart. « Décaler ses consommations, ce n'est donc ni éteindre sa télévision le soir ni une injonction. C'est un conseil, car nous jugeons qu'il serait dommage de passer à côté d'une opportunité de bénéficier sans contrainte et sans effort d'une électricité décarbonée, abondante et moins chère », poursuit-il.
Pour que les consommateurs puissent s'emparer de ce sujet, RTE s'inscrit dans une démarche de pédagogie. C'est la raison pour laquelle le gestionnaire du réseau de transport d'électricité vient de publier la première édition de son baromètre des flexibilités de consommation électrique. Un document qui présente notamment des éléments de compréhension pour le grand public mais aussi l'ensemble des consommateurs. Car les enjeux autour des nouvelles formes de flexibilité sont loin de se concentrer sur les seuls particuliers. Cela concerne bien sûr l'industrie, mais aussi les bâtiments tertiaires (bureaux, commerces…).
« Nous cherchons à embarquer tous les acteurs parce que c'est une opportunité qui concerne l'ensemble de la société et pas seulement le secteur résidentiel. Les particuliers peuvent en profiter quand les conditions sont réunies mais c'est aussi le cas des entreprises, des collectivités, des industries, etc. De plus, tous ces acteurs intermédiaires ont des capacités professionnelles à gérer les bâtiments, ils sont donc aujourd'hui en train de s'équiper et demain, ils pourront ouvrir la voie » conclut Yannick Jacquemart.
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