
Avec l'aggravation du réchauffement climatique et la montée du stress hydrique, faire des économies d'eau est un enjeu prioritaire pour un nombre croissant de municipalités. Et, bonne nouvelle, adapter nos villes est possible.
Hervé Paul est membre du conseil d'administration de l'Agence de l'Eau et président du Club des économies d’eau, deux organismes nationaux dont l'objectif est de préserver cette ressource vitale. Il est également Vice-Président de la Métropole de Nice et maire de Saint-Martin-du-Var, une petite commune du sud de la France vulnérable aux épisodes de sécheresse.
Selon la dernière mise à jour du rapport Aqueduct du World Ressources Institute, le stress hydrique affecte déjà près de quatre milliards de personnes dans le monde. En France, comment les services d'eau répondent-ils à cette situation ?
Hervé Paul : Durant la sécheresse de 2022-2023, l'eau était disponible en quantité nettement moins importante dans la quasi-totalité des départements français. Les rivières et les fleuves ont connu des passages à secs beaucoup plus marqués. À Besançon, le Doubs a disparu en 2022, puis à nouveau en 2023.
Ce phénomène a perturbé l'alimentation en eau potable d'un grand nombre de communes et il a fallu prendre des arrêtés préfectoraux pour restreindre la consommation. Cet épisode douloureux a permis aux Français de se rendre compte que cette ressource était fragile et qu'il fallait en prendre soin. Entre 2023 et 2024, la consommation en eau des ménages a diminué de 3 %. C'est une évolution qui va dans le bon sens, mais qui pose un certain nombre de difficultés.
Le modèle économique des services d'eau est en effet principalement basé sur la facturation des mètres cubes. Moins les gens consomment, moins il y a de recettes alors que nos charges de fonctionnement explosent avec la flambée des prix de l'énergie et de l'alignement des salaires sur l'inflation. Ce qui a également considérablement augmenté, c'est le coût des réactifs pour le traitement de l'eau, qui a été multiplié par deux ou par trois. Or, nous sommes face à un mur d'investissement. Nous sommes dans une période où les services d'eau doivent investir massivement pour adapter nos modèles au changement climatique.
De quelle manière ?
H. P. : Le système est organisé par rapport à un certain niveau de pluviométrie. Quand l'eau est moins disponible, il faut aller la chercher plus profondément dans les nappes phréatiques, ce qui nécessite des travaux. Il faut également la traiter davantage, car on détecte de nouvelles particules qui peuvent être nocives pour la santé humaine.
À cela, il faut ajouter les dispositions de la directive européenne sur les eaux résiduaires urbaines (ERU) qui va imposer aux stations d'épuration d'améliorer le filtrage des micropolluants, de l'azote et du phosphore. Ce sont des dépenses nouvelles et très importantes.
Dans ce contexte peu favorable, comment fait-on des économies d'eau en ville ?
H. P. : Précisons tout d'abord qu'il est illusoire de continuer à développer l'urbanisation dans des territoires où il n'y aura pas suffisamment d'eau à l'avenir, et ce, de manière inéluctable. Ensuite, pour faire des économies, il faut commencer par rattraper le retard structurel qui a été pris dans l'entretien des réseaux. Au lieu de remplacer les tuyaux au moment où il le fallait, on s'est contenté de réparer les fuites. Aujourd'hui, quand on pompe 1 000 m3, il y a 200 m3 qui s'échappent dans la nature. C'est un pourcentage de perte énorme. Il faut donc remplacer les canalisations.
Afin de limiter le stress hydrique, l'objectif est également d'aller chercher une deuxième source d'approvisionnement si la source principale est défaillante. C'est ce qu'on appelle le maillage de réseaux. Enfin, il faut continuer à faire de la pédagogie et à sensibiliser les populations sur les bonnes pratiques, celles qui mènent à la sobriété.
En faisant tout cela, on peut économiser jusqu'à 25 % de la ressource, ce qui est énorme.
En complément, il y a de plus en plus d'aménagements urbains qui récupèrent les eaux de pluie et les stockent pour qu'elles puissent être utilisées... Dans quelle mesure, l'économie circulaire fait-elle partie de la solution ?
H. P. Ce sont des dispositifs qu'il faut absolument généraliser. Je suis maire de Saint-Martin-du-Var, une petite commune de 3200 habitants située en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. La dernière résidence qui a été livrée est équipée d'un dispositif circulaire. Quand il pleut, l'eau des toitures va dans un bassin. Cette réserve sert à arroser les espaces verts et à alimenter les sanitaires. Cela permet de limiter les inondations puisqu'on a une capacité de stockage nettement plus importante, mais aussi de préserver la ressource principale en recourant à des "eaux non conventionnelles", qui sont affectées à un certain nombre d'usages.
De plus en plus, on essaye de capter l'eau de pluie à la parcelle, à l'endroit où elle tombe, pour la réutiliser, au lieu de la canaliser pour l'envoyer le plus loin possible dans des tuyaux de plus en plus gros. Ce sont des systèmes qui pourraient devenir obligatoires dans les normes de construction. Chaque habitation, neuve ou ancienne, qui a une gouttière pourrait disposer d'un récupérateur d'eau.
Un autre enjeu est celui de la désartificialisation des sols pour que les eaux de pluie puissent être absorbées par la terre...
H. P. : Oui, tout à fait. C'est le modèle de la ville perméable. Cela permet là encore de limiter les risques d'inondation, car l'eau ne ruisselle plus sur le bitume. C'est aussi un moyen pour lutter contre les îlots de chaleur en démultipliant les espaces verts pour créer des zones ombragées et apporter de la fraîcheur aux citadins.
À Nice, nous avons créé une coulée verte qui offre des espaces agréables à vivre lorsqu'il fait très chaud. Pour la végétaliser, nous avons sélectionné des plantes méditerranéennes qui ont besoin de peu d'eau. Sous les jardins, nous avons placé des bassins de stockage des eaux de pluie d'une capacité de 3500 mètres cubes. Enfin, nous avons disposé des systèmes intelligents d'arrosage qui se déclenchent en fonction du taux d'humidité des sols. Ce type de transformation permet d'adapter la ville au climat de demain.
Selon vous, les économies d'eau vont-elles devenir un standard du modèle urbain de demain ?
H. P. : Assurément. Toujours à Nice, nous allons construire une grande station d'épuration sur la Promenade des Anglais qui va permettre, dès 2028, de traiter, d'assainir, de microfiltrer 5 millions de mètres cubes d'eau par an. Cette nouvelle ressource sera suffisante pour arroser tous les espaces verts de la ville, tous les parcs, tous les jardins et pour approvisionner les services de voirie qui sont chargés du nettoyage des rues. On bascule donc dans une logique circulaire. Cette eau sera également disponible pour la biodiversité et pour l'alimentation des foyers lorsque l'on sera sur des périodes d'étiage sévère. Je pense que demain, on ne gaspillera plus l'eau, mais on la recyclera. Ça deviendra une norme. Aujourd'hui, nous maîtrisons de mieux en mieux les techniques qui permettent de faire cela, ce qui veut dire qu'on va pouvoir développer à grande vitesse la réutilisation.
On voit bien qu'avec le réchauffement climatique, la fonte de la banquise entrainera la disparition des ours polaires. Ce qui montre bien que les économies d'énergie ou d'eau peuvent se faire au quotidien par chacun d'entre nous !
pour info 60 millions de consommateurs, teste des douchettes à économie d'eau et préconise la pose de matériel d'économie d'eau sur les robinets et WC.
L'étude montre qu'une famille de 4 personnes peut réduire de 30% sa facture d'eau (de 150 m3 /an à 100 m3) soit 50 m3 d'économie d'eau par an, tout en gardant le même confort.
Il est indiqué que ces matériels d'économie d'eau permettent au final une économie entre 217 et 267 € /an ce qui représente 45% de la facture d'eau (30% d'économie pour l'eau et 15% supplémentaire sur l'énergie).
plus d'infos sur http://www.activeau.fr/test_60_millions_de_consommateurs.htm
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