IA en entreprise : entre confiance et inquiétudes, la perception diffuse d'une redistribution des cartes

IA en entreprise : entre confiance et inquiétudes, la perception diffuse d'une redistribution des cartes

18 mois après le lancement à grande échelle de ChatGPT, quel est le sentiment des salariés à l’égard des IA génératives ? Selon une étude du BCG, si la confiance dans ces outils augmente, l'anxiété aussi.

Le nouveau rapport  « AI at Work : Friend and Foe » publié par le Boston Consulting Group (BCG) révèle la nature à double tranchant de l'IA générative. Si la démocratisation des usages accroît le sentiment de confiance, en même temps, les salariés qui utilisent régulièrement les outils GenAI sont plus susceptibles que les autres de craindre la disparition de leur emploi. « Les utilisateurs réguliers de GenAI commencent à en percevoir les bénéfices. Pour les entreprises, ils sont encore assez diffus ou théoriques. Pour rentabiliser leur investissement, les entreprises devront aller au-delà de la recherche de productivité et adopter une approche plus holistique », indique Vinciane Beauchene, directrice associée au BCG et coauteure du rapport.

Intelligence artificielle : entre confiance et anxiété, des sentiments contrastés

Le sentiment des employés à l'égard de l'intelligence artificielle et de l'IA générative évolue considérablement, avec 42 % d'entre eux se déclarant confiants quant à l'impact des technologies sur leur travail, contre 26 % l'année dernière. Selon le rapport, 58 % des travailleurs qui utilisent l’IA générative déclarent gagner au moins cinq heures de travail par semaine. Mais que font-ils de ce temps que l’outil leur permet d’économiser ? Ils l’utilisent principalement pour effectuer davantage de tâches (41 %) ou de nouvelles tâches (39 %), expérimenter la technologie (39 %) ou encore travailler sur des tâches stratégiques (38 %).

Toutefois, l'étude révèle également des inquiétudes persistantes. En effet, l'anxiété à l'égard des IA est en hausse de 5 points, et 49 % des utilisateurs réguliers pensent que leur emploi pourrait disparaître dans les dix prochaines années. Un point de vue qui n’est partagé que par 24 % des salariés qui n'utilisent pas ce type d’outils.

L’utilisation de l'IA générative s'étend à grande vitesse

L’étude révèle également une large progression de l’adoption de l’IA et particulièrement de l’IA générative au sein des entreprises. Ainsi, près de deux tiers des dirigeants (64 %) déclarent avoir recours à l’IA générative pour remodeler leur organisation. Côté employé, même constat : ils sont deux fois plus nombreux à indiquer utiliser ce type d’outil (52 % en 2024 contre 20% en 2023). En France, un employé sur deux déclare utiliser régulièrement l’IA générative pour son travail. « Nous entrons dans une nouvelle ère pour l’IA générative : à la première phase de curiosité et d’expérimentation succèdent de nouvelles attentes de passage à l'échelle et de création de la valeur », observe Vinciane Beauchene.  

Cependant, bien que les entreprises aient progressé dans la formation de leurs employés depuis la dernière enquête du BCG, une marge de progression demeure. En effet, seuls 30 % des managers et 28 % des employés ont déjà été formés à l'IA, contre la moitié des dirigeants. La France se distingue avec un taux de formation supérieur à la moyenne mondiale : 50 % des managers et 33 % des employés ont déjà bénéficié d’une formation.  

Des disparités entre pays du Nord et pays du Sud 

Sur le plan géographique, l'enquête révèle que les professionnels des pays du Sud tels que le Brésil, l'Inde, le Nigeria, l'Afrique du Sud et ceux du Moyen-Orient sont plus optimistes et moins anxieux à l'égard des IA génératives que les répondants des marchés développés. Ainsi, en Inde, 54 % des répondants se disent confiants, contre 27 % au Japon et 34 % aux États-Unis. Autre constat : les pays du Sud comptent également une plus grande proportion d'utilisateurs réguliers de l’IA générative au travail (utilisation chaque semaine). Un usage qui concerne aussi bien les dirigeants (86 % contre 80 %), les managers (71 % contre 50 %) que les employés (57 % contre 37 %). C’est aussi dans les pays du Sud que l'on compte le plus de managers et d’employés ayant suivi des formations au cours de l’année écoulée. Ainsi, 38 % des managers et 34 % des employés des pays du Sud ont déjà reçu une formation, contre 27 % des managers et 26 % des employés pour les pays du Nord. 

Méthodologie : Enquête menée auprès de plus de 13 000 travailleurs dans 15 pays. Les personnes interrogées comprennent des cadres dirigeants, des managers et des employés. La plupart travaillent dans des bureaux.

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.

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