Portrait de Caroline Blaes, journaliste à impact

Caroline Blaes est membre de L’ADN Le Shift, le collectif du média L'ADN, son prolongement humain.
L'ADN Le Shift est né de la volonté de vous inviter à vivre ce que nous vivons en tant que média.
Qui êtes-vous ? Quelques mots sur votre parcours
C.B. : Si je devais me définir en 1 seul mot, je choisirai le mot « mouvement » qui traduit bien mon besoin de me projeter dans le temps d’après, mon désir d’être dans l’action et aussi mon appétence pour les sports de glisse (surf, skate, kite surf…).
Au quotidien, je suis une journaliste engagée pour la transition environnementale et la justice sociale autour de 2 formats d’expression : (1) les médias vivants (j’accompagne les entreprises dans leur transition sur des sujets liés à la RSE, principalement lors de prises de parole auprès des collaborateur.trices ou j’interviens sur des événements grands publics qui conscientisent autour des grands enjeux de transitions) et (2) les communautés, par différents réseaux au sein desquels je suis active ou par la convergence et la rencontre des personne d’univers et d’expertises variés dans une logique d’impact.
3 dates qui ont provoqué votre déclic climatique ?
C.B. : Ce ne sont pas nécessairement les plus importantes ou les plus décisives mais la première remonte à mon enfance. Je devais avoir 5 ans et lors d’une promenade en forêt, nous sommes tombés sur une déchèterie en pleine nature. Je me souviens avoir pris conscience de la notion de pollution et du caractère fragile de notre planète. J’en ai même fait une chanson qui n’a que pour seul refrain « il faut sauver notre Terre » !
Le premier confinement lié au Covid m’a également beaucoup marqué. Je ne crois pas avoir été auparavant dans un tel niveau de contemplation de la nature et c’était fascinant de voir à quel point la nature reprend ses droits lorsqu’on la laisse respirer. Une brève accalmie qui n’était pas suffisante et qui n’a malheureusement pas duré…malgré les fantasmes exacerbés d’un monde d’après.
Et puis la naissance de mon fils.
Faire le choix d’être parent dans le monde actuel, cela oblige. Chaque jour je me sens responsable du devoir de lui inculquer les valeurs qui me semblent essentielles et de lui donner les clés pour qu’il soit un humain bon, tolérant et respectueux de son environnement et des autres. Il fait partie de ces générations futures dont les défis à affronter sont immenses mais dont les choix et actions pourront faire la différence en faveur d’un monde plus juste et durable.
Les 3 romans, essais, bd, film, série, documentaires… qui vous ont retourné ?
C.B. :
« Le passeur » de Lois Lowry que je l’ai lu plus jeune. Il raconte l’histoire de Jonas, un garçon de 11 ans, qui vit dans une société futuriste où le quotidien est encadré par des lois très strictes. La stabilité du groupe repose sur des libertés individuelles très limitées. Ce roman m’avait beaucoup questionné sur nos modèles de société et nos libertés futures.
« Derrière nos écrans de fumées », un documentaire qui nous ouvrent les yeux sur la vérité cachée derrière nos écrans avec notamment le secret des algorithmiques qui vont jusqu’à déstabiliser les démocraties.
« L’homme a mangé la terre », un documentaire qui remonte aux sources de la crise écologique, en interrogeant les enjeux scientifiques, économiques et politiques qui y ont conduit. On y parle de capitalisme et de mondialisation imposés par les grandes puissances avec un décryptage du basculement dans l'anthropocène.
L’engagement que vous avez réussi à tenir ?
C.B. : Choisir mes missions professionnelles avec soin et exigence. Renoncer à certaines sollicitations si elles ne sont pas en accord avec mes valeurs et mes engagements.
La résolution que vous avez du mal à mettre en place (mais vous ne désespérez pas) ?
C.B. : Ne plus prendre l’avion…et c’est non sans une immense culpabilité. Je le vis vraiment dans une approche de deuil. Les voyages, c’est l’endroit où on peut se confronter. Laisser la pleine place à la sérendipité, se faire surprendre et submerger par des rencontres inattendues, par des cultures différentes, des histoires riches d’enseignements, apprendre de paysages inconnus…ces trésors sont pour moi une nourriture de l’âme. Bien sûr, j’ai conscience que d’autres voyages sont possibles, plus durables et responsables, que le changement de narratif autour du voyage est à opérer…pour autant, je peine encore à faire cette transition-là.
Vos 3 secrets pour soigner votre solastalgie ?
C.B. :
- Revenir à l’essentiel et se connecter à la nature. L’océan est ce qui m’apaise le plus, je marche sur la plage, je vais surfer ou je m’assieds en contemplant les vagues. J’aime aussi écouter les bruits de la nature qui s’éveille à l’aube ou m’allonger sur l’herbe face au ciel bleu. C’est simple mais efficace !
- S’accorder des vrais moments de pause en se coupant des bruits du monde (…et surtout oubliez les notifications de votre téléphone ! ). Quand mon niveau d’anxiété est trop élevé et que je me sens presque engluée, il me faut des moments de retrait (même s’ils sont courts) pour me ressourcer, faire le point, établir un plan d’action efficace en griffonnant quelques pages ou tout simplement me laisser tranquille. Ce qui me permet d’émerger à nouveau avec la bonne énergie pour contribuer de manière plus efficace.
- Passez à l’action ! Bien que celui-ci, je n’arrive pas à encore pleinement l’appliquer, je suis convaincue que la meilleure solution est d’agir, à votre échelle car il n’y a de petites ou mauvaises actions. Chaque contribution compte.
La solution ou la personnalité qui vous a le plus inspirée…
C.B. : Je voue surtout une admiration totale et un profond respect aux femmes et aux hommes qui se battent pour leurs droits et qui mènent divers combats dans une démocratie en danger ou dans un univers hostile (climat, conflits…).
Vos raisons d’espérer ?
C.B. : Les humains ! Celles et ceux qui pensent et agissent, chacun.e à leur manière. Spontanément je pense aux militant.es et activit.es qui vouent leurs vies à des combats, à une partie de la jeunesse qui se bat avec ardeur pour un futur plus souhaitable, à des scientifiques qui appréhendent leur métier sous le prisme du sensible ou de l’émotion pour proposer un nouveau narratif telles que Heidi Sevestre et Emma Haziza.
Par ailleurs, je crois qu’il est important de rappeler qu’il y a mille et une manières de contribuer. Deux profs d’Harvard ont identifié 3 rôles essentiels dans les mouvements sociétaux (les Agitateurs, les Innovateurs et les Orchestrateurs). Nous avons définitivement besoin de personnes, d’expertises et de compétences plurielles pour mener à bien nos différentes transitions.
Également les initiatives, projets et actions à impact positif qui foisonnent dans le monde entier et qui sont souvent le résultat de belles coalitions ou coopérations.
Et puis rappelons que nous avons aujourd’hui une foule de voies et/ou de solutions très claires qui ont été identifiées par le GIEC, le Shift Project, Impact France ou d’autres acteurs et institutions dont les rôles et les travaux sont essentiels.
Vos projets pour ces prochaines années ?
C.B. : Contribuer à poser un nouveau modèle de société et à faire évoluer les mentalités. Et aussi changer d’échelle pour avoir encore plus d’impact dans mes actions. Je veux mettre mon énergie au service des entreprises qui ont un pouvoir d’action considérable mais dont la plupart ont encore du mal à faire la grande bascule et au sein desquelles les collaborateur.trices ont besoin d’être accompagné.es pour être acteur et actrice de la transition de leur organisation. Et plus largement auprès des citoyen.nes car je pense qu’il s’agit de l’échelon le plus puissant et efficace pour un changement global et systémique. Enfin, je vous avoue être très préoccupée par les prochaines élections présidentielle face à la montée du populisme. Il me semble absolument essentiel d’apprendre à (re)faire société, à écouter l’autre, à comprendre les réalités de chacun.e, à faire preuve de plus de tolérance, à laisser davantage la place à notre libre arbitre et à notre esprit critique.
Si vous deviez résumer votre raison d’être ?
C.B. : Éclairer le plus grand nombre sur tous les sujets qui font et feront le monde de demain, créer des rencontres et susciter des échanges afin que chacun.e puisse initier sa propre transition vers une société plus juste, plus inclusive et plus durable.
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