Portrait de David Wahl, Auteur et metteur en scène

David Wahl est membre de L’ADN Le Shift, le collectif du média L'ADN, son prolongement humain.

Si vous deviez raconter votre parcours en quelques lignes… quel fil rouge relie vos différentes vies professionnelles et personnelles ?

D.W. : Je me laisse guider par mon étonnement d'être en vie dans ce monde.

Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous occupe l’esprit ou vous fait vous lever le matin (en dehors du café) ?

D.W. : Ma dernière création l'Homme-Poisson, ou de l'existence des sirènes.

Y a-t-il une rencontre, une date ou un moment qui a changé votre manière de voir le monde ?

D.W. : Ma rencontre à Océanopolis avec un manchot royal. Un manchot qui s'appelle Dominique. Parce que son œuf était fêlé et nécessitait une surveillance, il a dû naître entouré par des êtres humains; imprégné il se prend depuis pour un des nôtres. Dès que je vais à Océanopolis, je lui rends visite; on passe du temps ensemble. Quand vous avez la chance de contempler un manchot, vous comprenez combien un être vivant est le résultat d'une lignée et d'un environnement. Voilà un oiseau qui nage aussi bien qu'un poisson et peut résister à des températures interdites à bien des animaux terrestres. Il a été la cause de ma conversion écologique et de mon émerveillement pour la biodiversité.

Les œuvres (romans, films, expositions, séries, BD, musiques…) qui vous ont retourné·e ou que vous glissez volontiers dans les mains de vos amis ?

D.W. : Les Poésies Verticales du poète argentin Roberto Juarroz. L'œuvre de Borges. Les poésies de Rilke, La Divine Comédie de Dante, L'Éloge De la curiosité d'Alberto Manguel, La Maison des Feuilles de Danielewski. J'ai été très marqué par le film The Lighthouse de Robert Eggers, par le cinéma de Guillermo del Toro.

Mutation ou transformation : quel grand changement (sociétal, technologique, culturel…) vous semble le plus déterminant pour votre secteur ?

D.W. : Que l'on réalise enfin que la transition environnementale doit être avant tout une révolution culturelle, l'invention de nouveaux usages et de façons d'être au monde.

Une collaboration, un projet ou une initiative dont vous êtes particulièrement fier·e ?

D.W. : Très fier de ma collaboration avec des centres scientifiques alors que je ne suis pas scientifique mais écrivain. Être auteur associé d'Océanopolis. Et bien sûr d'avoir accompagné, invité par Ifremer, une mission d'exploration des abysses pour en écrire le récit.

Votre manière d’innover : comment cultivez-vous la curiosité ou la créativité dans votre quotidien professionnel ?

D.W. : Par l'étonnement. C'est plus fort que moi, je n'arrive pas à m'habituer au monde. Je ne ressens pas l'usure du quotidien.

Une personnalité ou un courant de pensée qui influence votre manière de voir le monde du travail ?

D.W. : Borges. "La nouvelle forme du fantastique, c'est l'érudition". C'est une invitation à chercher, à connaître. Une dynamique de vie. Connaître non pour accumuler du contenu, mais pour aimer.

Vous faites partie de L’ADN Le Shift, ce think tank un peu hors-norme : qu’avez-vous envie d’y trouver, ou d’y apporter ?

D.W. : Ce que j'aime tant dans mon travail d'écrivain et de dramaturge: le mélange des genres. La transversalité c'est le meilleur moyen de créer.

Votre ambition ou vos rêves pour demain : quel impact aimeriez-vous avoir sur votre organisation, votre secteur ou la société ?

D.W. : Faire changer le regard. Y allumer l'émerveillement. Ce monde est malade de notre indifférence. La crise environnementale c'est aussi une crise de notre sensibilité. Alors que je rêve que nos récits d'environnement parviennent à force à faire aimer tous ces êtres avec qui nous cohabitons sur Terre et dont la survie est essentielle à la nôtre. Que peu à peu la société s'en nourrisse et change.

Enfin, si vous deviez résumer votre raison d’être en une phrase, une maxime, une réplique culte ou même une punchline… Ce serait ?

D.W. : Chercher à connaître c'est chercher à aimer.

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