Elle est en tout cas plus rapide que celle de TikTok, Google Maps ou encore Zoom.
123 millions d’utilisateurs actifs mensuels pour ChatGPT. Le robot conversationnel de l’entreprise OpenAI a donc mis seulement deux mois pour franchir le cap des 100 millions d’utilisateurs. Ce chiffre, mis en avant par la banque d’investissement UBS et repris par moult médias, a de quoi bluffer. Selon les chiffres de Sensor Towers, Instagram a mis deux ans et demi pour parvenir à cette étape. TikTok neuf mois. Les deux applications cumulent aujourd’hui respectivement plus de 2 milliards et 1 milliard d’utilisateurs actifs mensuels. « En 20 ans d’analyses des acteurs d’Internet, nous ne nous souvenons pas d’une acquisition aussi rapide pour une application Web à destination des consommateurs », écrivent les analystes d’UBS à propos de ChatGPT.
La comparaison avec TikTok ou Instagram n’est toutefois pas forcément la plus heureuse, car ChatGPT n’est pas un réseau social. S’inscrire sur une plateforme, suivre des comptes, poster du contenu demande une implication plus importante que d’utiliser un chatbot. Et il faudra voir comment ChatGPT tient sur la durée. Parmi les 100 millions d’utilisateurs, certains se lasseront sans doute de l’outil faute d’un usage régulier. Contrairement à TikTok ou Instagram, ChatGPT n’est pas vraiment désigné pour nous inciter à revenir sans cesse sur la plateforme.
Plus rapide que Google Maps
Il est peut-être plus pertinent de comparer le chatbot/assistant virtuel à un outil numérique que l’on utilise sans avoir à remplir un profil et sans y investir beaucoup de temps. Google Maps, par exemple. La version mobile de l’outil de géolocalisation a été lancée en 2008, et a atteint les 100 millions d’utilisateurs deux ans plus tard. ChatGPT garde ainsi l’avantage. Même si télécharger une application n’est pas équivalent à ouvrir une simple page Web. Google Maps a atteint le milliard d’utilisateurs après 10 ans d'existence.
On pourrait également comparer ChatGPT à Zoom, un autre outil à l’incroyable viralité. À la différence que l’adoption massive du service de visioconférence ne s’est pas faite juste après son lancement (en 2011), mais 9 ans plus tard, lors de la pandémie de Covid. Un usage ad nauseam qui a d'ailleurs fini par nous fatiguer. À titre de comparaison, Zoom avait 12 millions d’utilisateurs actifs mensuels en février 2020 selon Apptopia – quelques semaines après les premiers confinements dans le monde. Dix fois moins que ChatGPT aujourd’hui, donc. Le service de visioconférence est tout de même passé de 10 millions de participants par jour fin 2019 à 300 millions en avril 2020 (soit en plein confinement pour l’Europe et les États-Unis). Attention : un participant n’équivaut pas à un utilisateur actif, puisque la même personne peut participer à plusieurs réunions à distance par jour. ChatGPT comptait, lui, environ 12 millions d’utilisateurs actifs par jour en janvier 2023.
Les outils de traduction automatique seraient certainement ceux qui en termes d’usage se rapprochent le plus de ChatGPT. DeepL, le traducteur vanté par beaucoup comme meilleur que Google Translate, est lui aussi très utilisé, en particulier chez les étudiants.
Contacté, DeepL ne nous a pas, pour le moment, indiqué le nombre d’utilisateurs actifs mensuels de son service gratuit. Mais sur son site, le traducteur automatique écrivait dans un communiqué datant de 2020 (trois ans après son lancement), que plus de 500 millions d’utilisateurs avaient déjà utilisés DeepL, ce qui positionne le site parmi les 200 les plus visités. Deux mois après son lancement, ChatGPT serait déjà positionné parmi les 50 sites les plus visités, selon une étude de Digital Adoption reprise par quelques médias américains.
Un outil versatile et fascinant
Ce qui est étrange avec ChatGPT, c’est qu’il n’est pas un outil à proprement parler. Contrairement à Google Maps et DeepL, qui ont une fonction bien précise, ChatGPT n’est pas dédié à un usage particulier. Les utilisateurs lui trouvent toutefois de multiples applications : brainstorming, écriture de posts pour les réseaux sociaux, rédaction de mails, écriture de dissertations et autres devoirs, correction de lignes de codes, résumés d’articles… Cette versatilité (qui n’est pas forcément gage de qualité pour chacun de ces usages) explique la croissance impressionnante de sa base d’utilisateurs. Cela, couplé à la curiosité que suscite une telle technologie. « Il y a quelque chose d’intellectuellement fascinant à voir une machine créer un texte intelligible et cohérent, nous expliquait en 2022 Florian Laurent, CTO de Coterie, une entreprise suisse qui a développé un modèle équivalent à celui d’OpenAI. C’est plus stimulant que de voir une machine classer correctement une image par exemple. L’intérêt pour ces modèles est une question presque philosophique. »
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