Puisque l’algorithme de YouTube associe parfois des publicités à des contenus inappropriés, JPMorgan s'empare du sujet et crée son propre outil.
Ce n’est jamais très bon signe qu’une entreprise commence à régler les problèmes d’une autre.
En associant des messages de marque à des contenus vidéo douteux (au choix : violents, polémiques, pornographiques, …), YouTube s’est attiré l’ire des annonceurs. La faute à pas de chance... et à un algorithme peu pointilleux en matière de diffusion publicitaire qui n’hésite pas, par exemple, à proposer un spot gouvernemental avant un contenu raciste.
Si
certaines marques choisissent tout bonnement de déserter la plateforme tant que ces problèmes de ciblage ne sont pas résolus, d’autres préfèrent prendre le taureau par les cornes, à l’instar de
JPMorgan Chase. L’entreprise a développé en interne un algorithme qui, une fois pluggé à YouTube, permet grâce à un système de filtres de déterminer quelles chaînes sont « safe » - et potentiellement en adéquation avec l’image que la marque veut véhiculer.
Parmi les données analysées, le nombre de vues par vidéo – l’algorithme bannissant ainsi d’office les comptes dont la viralité ne repose que sur une seule vidéo -, d’internautes abonnés, le type de sujets abordés, la langue, les commentaires, …
Business Insider rapporte ainsi les propos d’Aaron Smolick Executive Director of paid-media, analytics & optimization chez JPMorgan Chase : « Le modèle que Google a construit pour monétiser YouTube fonctionne certainement pour l’entreprise, mais il ne fonctionne pas pour nous. Protéger une marque est une responsabilité qui revient aux gens qui travaillent pour cette marque ».
De son côté, Jake Davidow, Executive Director media & channel strategy chez JPMorgan Chase explique que cette initiative intervient alors que les équipes avaient retiré tout investissement de la plateforme lorsque les premières informations révélant les dérives de l’algorithme sont tombées. « Nous voulions trouver et développer une solution, et être certains de le faire bien ».
YouTube ne compte pas rester simple spectateur de la démarche, et plutôt que de laisser d’autres s’aventurer sur ses plates-bandes, le géant de la vidéo a établi toute une série de règles et de dispositifs pour redevenir maître de ses lieux. Fin 2017,
les billets de blog s’étaient multipliés pour témoigner de la bonne volonté des équipes.
Susan Wojcicki, CEO de YouTube, y était aussi allée de sa plume pour faire son
mea culpa - tout en prenant soin de rappeler que les dérives ne sont liées qu’aux personnes mal intentionnées… – et détailler les mesures établies. Au programme : recruter des équipes pour éduquer l’algorithme à détecter les contenus problématiques, continuer à développer une technologie de pointe, établir des conditions d’utilisation plus claires, plus de curation manuelle pour la diffusion des contenus publicitaires, … « C’est une démarche importante pour les annonceurs et les créateurs », conclut Susan Wojcicki. Et
un sacré chantier en perspective... !
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