Alors que les plus jeunes passent de plus en plus de temps sur Internet et que les arnaques se multiplient, les enfants se retrouvent exposés et vulnérables.
Un récent rapport publié par Kaspersky, spécialiste russe de la cybersécurité, s'est intéressé à l’exposition aux arnaques en ligne des jeunes de 11 à 15 ans en Europe, notamment par phishing (hameçonnage). L'étude révèle que la majorité des adolescents sont trop confiants quant à leurs compétences numériques, ce qui les rend peu vigilants. Parmi les enfants, ce sont les Français qui seraient les moins avertis.
Les enfants vulnérables en ligne
Alors que le numérique s’impose dans le quotidien des plus jeunes, les risques liés à Internet ne cessent de se multiplier. En bons opportunistes, les cybercriminels usent de méthodes plus ou moins sophistiquées pour arriver à leurs fins, qu’il s’agisse de voler des données, de l’argent, ou de nuire directement à une victime de manière ciblée. Le phishing, un business en croissance, fait partie des méthodes les plus utilisées à travers l’Europe. Et pour cause : on estime que 4.9 milliards de personnes sont connectées à Internet, soit 62 % de la population mondiale. Parmi ces internautes, 1 sur 3 est un jeune de moins de 18 ans. En 2022, les attaques par phishing ont augmenté de 61 %. Et si elles sont plus nombreuses, elles sont aussi de plus en plus sophistiquées. En cause, des nouveaux outils tels que les IA qui les rendent plus difficiles à identifier et ce quel que soit l’âge de la victime.
Excès de confiance et surexposition aux arnaques
Les adolescents européens ont beau se sentir compétents, 72 % d'entre eux ne sont pas capables d’identifier des attaques de phishing. En France, 75 % des jeunes sont concernés. Des chiffres qui traduisent un manque de compétences mais aussi la montée en gamme des techniques d’ingénierie sociale et des pratiques des cybercriminels.
En France, c’est le défaut de connaissance qui est à déplorer : 55 % des adolescents interrogés disent ignorer ce qu’est une attaque par phishing, et 65 % estiment n’avoir aucune connaissance en matière de cybersécurité. Dans le reste de l’Europe, c’est plutôt l’excès de confiance qui est problématique. Si 55 % des adolescents (et jusqu’à 75 % en Allemagne) se disent compétents et bien informés en ce qui concerne la sécurité numérique, on constate malgré tout que plus de la moitié d’entre eux admet renseigner des informations personnelles comme leur nom de famille et leur date de naissance sur les réseaux sociaux. 54 % indiquent même être susceptibles de révéler le nom de leur animal de compagnie ou de leurs séries préférées sur des quiz en ligne. Des jeux en ligne particulièrement prisés par les cybercriminels pour récupérer des informations personnelles et construire le « profil social et numérique » de leur victime, utile pour perpétrer des attaques en ligne comme les piratages de compte ou des fraudes financières.
Point positif : les jeunes Français sont aussi ceux qui partagent le moins d’informations personnelles sur les réseaux sociaux : seulement 43 % des adolescents interrogés révèlent l’avoir déjà fait, contre 59 % des Anglais, 55 % des Espagnols ou encore 64 % des Allemands.
Un manque d’éducation intergénérationnel
L’étude met notamment en évidence un manque d’implication des adultes dans l’éducation au numérique des plus jeunes. En effet, moins de 43 % des adultes interrogés ont affirmé aider les plus jeunes à identifier des arnaques au phishing. Des chiffres encore plus parlants en France, ou moins d’un tiers des adultes prennent part à ce processus éducatif (33 %).
Le manque de sensibilisation dans le domaine semble tout autant affecter les adultes, puisque 40 % d’entre eux (et jusqu’à 50 % en France) admettent être incompétents et manquer de connaissance en matière de sécurité en ligne. Pourtant, 27 % des adultes interrogés, qui avouent ne pas s’y connaître en matière de cybersécurité, tentent d’enseigner à la jeune génération la sécurité en ligne et la manière de repérer une attaque par hameçonnage : un cas classique d'aveugle guidant l'aveugle. Dans les faits, un adulte sur 5 a déjà été victime d’arnaques par phishing (19 % en moyenne, 20 % en France).
Méthodologie : enquête réalisée par Censuswide pour Kaspersky sur un échantillon de 6382 enfants et 6665 adultes à travers 8 pays européens (Royaume-Uni, France, Espagne, Portugal, Grèce, Allemagne, Italie et Pays-Bas).
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